LeDroitSurMonOrdi.ca

ZACHARY BASTILLE, DANSEUR LIBRE ET BRILLANT

CLAUDIA BLAIS-THOMPSON cbthompson@ledroit.com

Zachary Bastille a adopté une approche studieuse pour Révolution.

Le danseur originaire de Gatineau avoue s’être «éduqué» sur le monde de la danse à Montréal avant de s’inscrire pour participer à la populaire compétition de danse de TVA.

«Tout ça passait par Révolution, raconte-t-il. J’ai écouté la troisième et quatrième saison avec une approche studieuse pour voir qu’est-ce qui se fait, qui sont les artistes contemporains.»

Avant de déposer ses valises dans la métropole québécoise, l’artiste de 23 ans n’avait jamais réellement regardé l’émission, sinon quelques numéros que sa mère lui envoyait. En bon élève, il était important pour Zachary Bastille de terminer son baccalauréat à l’Université métropolitaine de Toronto en beaux-arts avant d’envisager des allers-retours entre la Ville Reine et Montréal.

Mais il savait très bien que sa carrière et sa vie l’amèneraient à Montréal, dit-il. Parce que là, il existe un «engouement unique» pour les arts et une «esthétique particulière».

«Ça va plus dans l’avant-garde qu’en Ontario», avance-t-il.

Zachary Bastille s’est finalement inscrit à Révolution une semaine avant la fermeture du dépôt des candidatures et a préparé un solo pour son audition en trois jours.

«Ce n’est pas quelque chose que j’envisageais du tout, mais je suis tellement reconnaissant. Cet été, c’est quasiment juste ça que j’ai fait. J’avais vraiment le temps de me concentrer sur ce que j’amenais à l’émission, mes chorégraphies et mon interprétation.»

Et plus il dansait sur l’énorme scène de Révolution, plus il se donnait le droit d’exister, plus il prenait confiance. Il s’est prouvé à luimême que l’étendue de son talent pouvait être exploitée et s’imposer jusqu’aux demi-finales.

Même si son parcours s’est arrêté à cette étape, Zachary Bastille ressort de cette expérience très inspiré et prêt à explorer de nouvelles avenues, dit-il.

«Je suis extrêmement fier de ce que j’ai présenté, content d’avoir surmonté mes nerfs pour monter sur la scène et tous les éloges des maîtres m’ont donné une bonne leçon d’humilité.»

Parmi les moments qui resteront gravés dans sa mémoire, le danseur mentionne son audition où les trois maîtres ont été séduits par sa révolution, mais aussi par l’abandon complet qu’il s’est autorisé. En ouvrant ainsi son coeur, il a démontré que la technique existe aussi pour s’accorder la liberté d’expression.

«Je me rappelle vers les trois quarts du numéro, personne n’avait poussé la manette encore et je venais de terminer tous les éléments impressionnants. J’étais nerveux. Je me rappelle finir la chorégraphie la tête vers le haut et j’ai vu deux flashs de lumière, j’ai descendu la tête et les trois avaient voté. C’était une dose d’adrénaline que tu ne vis pas souvent.»

Pendant ses études en danse, Zachary Bastille a appris à laisser aller, à prendre des risques, à aller au-delà de ses zones de confort. Pourtant, ses professeurs soulignaient sa tension, son manque d’expansion et percevaient les calculs et tous les murs qu’il érigeait autour de lui. Les commentaires des maîtres, particulièrement celui de Lydia Bouchard sur la liberté et la technique, sont arrivés comme un baume sur une vieille blessure.

«Au dernier numéro, elle a parlé de ma fluidité et j’ai été tellement content d’entendre ça parce que ce sont encore des choses sur lesquelles je travaille énormément. Ça faisait du bien au coeur qu’elle puisse percevoir tout le travail que j’ai mis là-dedans.»

POUR LES JEUNES

Pendant que Zachary Bastille préparait son numéro pour la demi-finale, les manifestations se multipliaient au pays contre les discours sur les identités de genre dans les écoles. Attristé par «cette régression dans le discours populaire et les mots déshumanisants contre la communauté», le danseur a voulu dédier ce numéro pour toutes les personnes trans et nonbinaires, mais surtout les jeunes qui se questionnent.

«C’était un numéro pour ces personnes parce que je sais qu’il y a beaucoup de jeunes personnes qui regardent l’émission et je sais aussi qu’en grandissant j’aurais aimé avoir des modèles auxquels je pouvais me reconnaître.»

Dans cet élan, il a donné une partie de son cachet à Interligne, un organisme d’écoute, de sensibilisation et d’intervention pour les personnes concernées par la diversité sexuelle et la pluralité des genres.

«C’est une ressource essentielle pour plusieurs jeunes au Québec.»

Et il y a tout l’amour qu’il s’est donné à lui-même dans ce numéro dans lequel il a pu trouver une certaine forme de paix en lançant un véritable appel à l’empathie. Encore une fois, l’esthétisme et la délicatesse de l’artiste ont laissé une forte impression.

«Ce n’était pas le concept le plus évident pour une demi-finale parce que ce n’était pas très littéral ni dans mon exécution ni dans mon explication, mais je ne peux pas m’imaginer faire autrement. C’était trop important pour moi.»

«ZINCANDESCANT»

Les mots, les paroles et les rencontres marquantes à Révolution sont nombreux. Mais Zachary Bastille n’oubliera jamais la joie partagée avec la troupe de hiphop Incandescent avec qui il a été jumelé pour l’étape des duos improbables. Au point où ils ont joint leur nom pour créer «Zincandescant».

«J’étais vraiment heureux de partager ça avec eux. Le plus important pour moi c’était de les faire passer parce qu’ils voulaient tellement se rendre loin et ils étaient vraiment passionnés. En recevant la note de 46 pour la performance, je savais qu’on passait. L’énergie du groupe était comme une explosion de joie. Je suis tombé en amour avec eux.»

Maintenant, Zachary Bastille ne souhaite que de poursuivre son élan sans arrêter. De monter toujours plus haut pour toucher les étoiles, là où sa carrière brille déjà.

Le danseur originaire de Gatineau avoue s’être «éduqué» sur le monde de la danse à Montréal avant de s’inscrire pour participer à la populaire compétition de danse Révolution. — OSA IMAGES

ARTS ET SPECTACLES

fr-ca

2023-12-02T08:00:00.0000000Z

2023-12-02T08:00:00.0000000Z

https://ledroit.pressreader.com/article/282308209867388

Groupe Capitales Media