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UNE HISTOIRE D’AMOUR AVEC L’OUTAOUAIS

CLAUDIA BLAIS-THOMPSON cbthompson@ledroit.com

Rita Baga anime au Cabaret M du Mex BBQ à Cantley depuis très longtemps. Même avant sa participation à Canada’s Drag Race en 2020, précise la populaire drag queen.

« Depuis le temps, je suis bien ami avec Roch, le propriétaire du Cabaret M, raconte Jean-François Guevremont qui se glisse dans la peau de Rita Baga depuis 18 ans. Chaque fois qu’on vient [les gens] demandent pourquoi on continue de venir alors qu’on fait de grandes salles. On aime ça, c’est la seule place qu’on a gardée, comme un ancrage. »

Parce que la plus que sympathique drag queen ne « fait plus de bars ou de cabarets » comme au début des années 2010. Mais pour continuer à entretenir le lien « privilégié » qu’elle a avec les gens de l’Outaouais, Rita Baga vient à l’occasion animer des soirées à Cantley.

« Chaque fois que j’anime là-bas, je dis “Canteley” et ça fait bien rire. Chaque fois que je vais à la salle Odyssée, j’en parle, je dis que je vais assez souvent à Cantley et il y a toujours des gens dans la salle qui crient “Canteley!” ».

Rita Baga a choisi Gatineau pour mettre un terme à Créature après 112 représentations de ce premier one-drag-show qu’elle présente depuis plus de deux ans. Parce que la simple énergie qui se dégage de la salle Odyssée « valait la peine de la choisir pour terminer ça en beauté », dit-elle.

Ce sera la huitième et la dernière fois que Rita Baga déposera ses valises le 15 décembre dans la salle qu’elle a « le plus souvent remplie » avec Créature.

« J’ai l’impression d’avoir un attachement réciproque avec les gens de l’Outaouais de façon générale. »

TOUTES LES CORDES DE SON ARC

Au fil du temps, Créature a été modifié cinq fois. La trame narrative reste cependant la même : Rita Baga incarne une extraterrestre qui débarque sur la planète Terre et tente de comprendre le monde dans lequel elle vient de mettre les pieds. Pour mieux saisir ses hôtes, la mystérieuse « créature » se lance dans un voyage temporel pour revisiter l’évolution musicale de la belle époque des cabarets à aujourd’hui.

« Ce sont des tableaux dans lesquels il y a des medleys de chansons et à chaque tableau, évidemment, il y a des changements de costumes et des projections vidéo. »

Dans cette rétrospective musicale de deux heures, Rita Baga se consacre à un exercice de lip-sync, mais laisse aussi beaucoup de place à toutes les autres cordes de son arc avec de l’humour, du chant, de la danse et des imitations.

Sans parler de la dizaine de costumes qu’elle enfile en un temps record chaque fois. Et quand on dit costume, on pense aussi à la perruque, les souliers à talons hauts et les bijoux. C’est une véritable chorégraphie qui est exécutée hors scène, confie-t-elle.

« Au début, je changeais même de silhouette, mais ça nécessitait d’enlever le corset et changer de bourrures. J’arrivais sur scène essoufflée. On l’a changé pour ce qu’on aurait dû faire depuis le début, pour une silhouette de base et des morceaux conçus pour s’enlever et remettre facilement. En ce moment, c’est la meilleure version visuellement. »

Créature a été conçu pour les sept ans et plus, indique la drag queen. Entre les paillettes et la joie, les discours rassembleurs pour vivre dans « une meilleure société plus inclusive, ouverte et surtout plus respectueuse » ponctuent le spectacle qui a vendu près de 50 000 billets.

« Dans un monde utopique, on espérait vendre 25 000 billets et 50 spectacles. Finalement, on est dans le double du pronostic de départ. On finit alors que d’autres drags commencent à faire de la tournée. Ce sont tous des objectifs sous-jacents qu’on avait avec cette tournée. »

Rita Baga ne veut plus reprendre « la maudite phrase » de démocratisation de l’art de la drag. Parce qu’elle a maintenant l’impression de ne plus devoir expliquer cet art qui attire encore du mépris et de l’incompréhension.

« On en voit plus dans notre quotidien. Il y a un petit peu moins de peur et d’inquiétudes, disons. »

Rita Baga propose tout de même un volet éducatif dans son spectacle par le biais de vidéos expliquant la vie des personnes de la diversité sexuelle et de genre aux différentes époques revisitées musicalement.

« Pour moi, être une bonne drag nonobstant tout ce que ça prend

du côté du look et de la personnalité, je pense qu’il y a un espèce de devoir de mémoire pour les communautés. Ce n’est pas toutes les drags qui sont des encyclopédies des droits de la diversité sexuelle et de genre. C’est un devoir que j’accomplis sans rechigner parce que ça fait partie de qui je suis. La clé des dilemmes pour régler tout ça, c’est d’essayer de contrer l’incompréhension. »

UN PROJET D’ALBUM

Rita Baga tente de bien placer ses pions quand elle réfléchit sa carrière. Après la parution de son premier livre en septembre (Une paillette à la fois : journal d’une reine, Éditions de l’Homme), la tournée et les parfums, elle caresse maintenant l’idée d’un album avec son ami, le chanteur

Maxime Landry.

« C’est mon gros projet 2024. On a commencé à parler du projet d’album à Big Brother en 2021. On a ajouté plus de numéros chantés dans le spectacle parce que les gens l’ont demandé aussi. »

Contrairement à la plupart des artistes drags, Rita Baga ne se limite pas au lip-sync. Mais comme elle veut maintenant tourner la page sur un autre chapitre de sa carrière, c’est la musique qui composera la suite.

« J’ai déjà deux chansons enregistrées. Maxime est mon mentor dans le projet et on coproduit l’album. C’est tellement une collaboration précieuse. J’ai beaucoup de questions par rapport à l’industrie musicale et il a toutes les réponses. J’ai l’impression que cet album arrive au bon moment. »

Avec cette musique, l’artiste rêve d’un tout nouveau spectacle. Même si elle avoue avoir encore beaucoup de plaisir avec Créature, il faut savoir s’arrêter « au bon moment », croit-elle.

« Et c’est le bon moment ».

« J’ai l’impression d’avoir un attachement réciproque avec les gens de l’Outaouais de façon générale. »

— Jean-François Guevremont, alias Rita Baga

LA UNE

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2023-12-02T08:00:00.0000000Z

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