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Jour de célébrations et de revendications

SÉBASTIEN PIERR0Z Collaboration spéciale

Chaque année, le 25 septembre se grave un peu plus en lettre d’or dans l’identité franco-ontarienne. Instauré en 2010, le Jour des Franco-Ontariens et Franco-Ontariennes est devenu un événement à part entière pour les 622 000 Franco-Ontariens, dont la renommée dépasse les frontières de la province.

Outre la myriade d’activités en français dans les écoles, les traditionnels levers de drapeau et le

Notre Place de l’inoubliable Paul Demers, les « bonbons » politiques offerts aux francophones sont devenus une tradition.

Le 25 septembre 2013, le gouvernement libéral officialisait l’indépendance du Commissariat aux services en français. L’année suivante, il désignait l’Université d’Ottawa en vertu de la Loi sur les services en français. L’an dernier, l’équipe conservatrice de Doug Ford reconnaissait le drapeau franco-ontarien comme un emblème officiel provincial.

Cette édition 2021 de la fête des Franco-Ontariens est pourtant exceptionnelle du fait de la pandémie. Comme l’an passé, beaucoup d’activités seront en mode virtuel. Les rassemblements, incluant un lever de drapeau, seront limités à quelques personnes. Autant de restrictions sanitaires qui réduisent la présence des élèves, les plus à même de célébrer les 25 septembre.

C’est sans compter la tenue des élections fédérales et la mise en place du passeport vaccinal en début de semaine. Pendant plusieurs jours, ces deux événements ont dominé l’actualité et les analyses des commentateurs. Au point d’en faire presque oublier le Jour des Franco-Ontariens.

Difficile cependant de faire table rase du passé. Le 25 septembre 1975, en pleine « révolution culturelle » dans le nord de l’Ontario, d’où émergent la maison d’édition Prise de parole et du Théâtre du Nouvel-Ontario, le drapeau vert et blanc est érigé pour la première fois.

L’histoire veut que ses deux créateurs, le professeur d’histoire à l’Université Laurentienne, Gaétan Gervais, et son étudiant Michel Dupuis, n’ont pas eu la possibilité de le hisser sur leur propre campus. Qu’à cela tienne, l’Université de Sudbury, aux racines francophones, accepta ce premier lever. On ne sait pas encore que l’image d’une qualité encore étonnante aujourd’hui entre dans l’histoire.

Mais cette histoire des FrancoOntariens semble bégayer. 46 ans plus tard, la même Université de

Sudbury est au coeur de tous les débats depuis le printemps.

Avec les coupes massives à l’Université Laurentienne, et la mise à pied d’une centaine de professeurs francophones, on s’interroge si le campus, autrefois le Collège du Sacré-Coeur à sa création, peut renouer avec son identité 100 % francophone. La balle est désormais dans le camp du ministère des Collèges et Universités de l’Ontario.

Car les célébrations ne doivent pas éteindre la vigilance, et la possibilité d’ardents combats. Le déclin du français est probablement le plus urgent. En dépit de droits de protections toujours plus importants, de la multiplication des écoles de langue française, ou encore de l’ouverture récente de l’Université de l’Ontario français (UOF), l’Ontario français ne parvient pas à enrayer le rouleau compresseur de l’assimilation.

Les gouvernements provinciaux successifs possèdent les responsabilités de ce statu quo, mais aussi les clés pour sortir de l’ornière avec des solutions audacieuses.

L’une de ces impulsions pourrait justement s’apparenter à une modernisation de la Loi sur les services en français. La ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney, n’a pas encore donné suite à son engagement. Si les drapeaux assurent la construction identitaire, les lois sécurisent les droits des minorités. Des gains précieux et durables.

Sébastien Pierroz est journaliste et producteur pour la franchise d’actualité ONFR+ du Groupe Média TFO

OPINIONS

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2021-09-25T07:00:00.0000000Z

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