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Une SDC comme remède au centre-ville de Gatineau?

MATHIEU BÉLANGER mabelanger@ledroit.com

Une fermeture n’attend pas l’autre dans le centre-ville de Gatineau. Cette semaine, c’était au tour du restaurant la Belle verte d’annoncer sa fermeture après une présence végétarienne appréciée des consommateurs qui aura duré plus de dix ans sur la rue Eddy.

Elle s’ajoute à celle récente des Brasseurs du temps (BDT) et au départ de Macadamian, un fleuron gatinois de la haute technologie. Le Droit a appris que la dégradation de la situation pousse l’organisme Vision centre-ville à remettre au goût du jour l’idée de créer une société de développement commercial qui deviendrait la voix des commerçants du secteur auprès de la municipalité.

La co-propriétaire de La Belle verte, Maxine Phillips, lauréate il y a un mois du titre de cheffe santé du Québec remis par la Société des chefs cuisiniers et pâtissiers du Québec, cherchait une relève depuis un an afin de se consacrer à un autre projet en dehors de la restauration. Elle croyait l’avoir trouvée, mais la hausse du loyer imposée par le propriétaire de l’immeuble a refroidi les ardeurs de cette personne, dit-elle.

«Le centre-ville a longtemps été une vache à lait pour nous, explique-t-elle au Droit. Avant la pandémie, on avait 30 000 fonctionnaires à proximité qui avaient faim en même temps sur l’heure du midi. Ce n’est jamais revenu comme avant, mais on était encore rentable parce qu’on a évolué vers un modèle plus près de la boutique et du takeout. J’ai cependant d’autres projets.»

Réagissant au départ du centreville de la centaine d’employés de Macadamian, la mairesse de Gatineau, France Bélisle, a répété être «extrêmement préoccupée» par la situation au centre-ville. «C’est crèvecoeur parce qu’au moment où on veut reconstruire le tissu économique du centre-ville, on voit une entreprise privée qui quitte», a-t-elle lancé.

Le départ de Macadamian s’expliquerait d’ailleurs par une sous utilisation des espaces auparavant occupés par l’entreprise au 4e étage de l’hôtel Chez Henri. L’entreprise n’a toujours pas donné suite à nos demandes d’entrevues, mais une employée de l’entreprise qui a souhaité conserver l’anonymat a confirmé au Droit que les bureaux de la promenade du Portage n’étaient plus fréquentés depuis la pandémie. La société mère depuis 2021, Emids, n’aurait depuis fait aucun suivi auprès de ses employés pour encourager un retour au bureau. Depuis la vente, Emids aurait réduit au minimum le nombre de gestionnaires en sol canadien. Les employés sont depuis tous installés en télétravail. Les bureaux de la rue Preston, à Ottawa, sont des espaces partagés peu utilisés, précise l’employée.

ADHÉSION OBLIGATOIRE, IDENTITÉ PLUS FORTE

L’idée de regrouper l’ensemble des entreprises du centre-ville dans une société de développement commercial a déjà été proposée et abandonnée il y a dix ans. Le maire de l’époque, Maxime Pedneaud-Jobin, se disait favorable à la création d’une telle organisation qui deviendrait l’interlocutrice privilégiée de la Ville en matière de développement commercial.

Il y a une cinquantaine de SDC au Québec. Les villes doivent déléguer une partie de leur pouvoir décisionnel à ces organisations en matière de développement commercial. Elles sont redevables et leur fonctionnement est encadré par une loi.

Daphnée Tapé, spécialiste en développement et finances chez Vision centre-ville, précise que l’organisme travaille à la création d’une SDC depuis septembre dernier. L’objectif est qu’elle soit en place en janvier 2025. Les commerçants du centre-ville pourraient avoir à se prononcer officiellement sur une telle possibilité à l’automne prochain.

La Ville devrait pour ce faire tenir un registre à l’intention de toutes les entreprises comprises dans le périmètre identifié comme étant le coeur du centre-ville. Si 10% des entreprises enregistrées s’opposent à la création d’une SDC, le projet tombe automatiquement à l’eau. Si les opposants ne sont pas suffisamment nombreux, la SDC peut alors voir le jour. Toutes les entreprises à l’intérieur du périmètre sont automatiquement membres et doivent payer des cotisations qui permettent par la suite à l’organisation de développer des outils de développement commercial et de fidélisation des clientèles.

«La réception est très bonne jusqu’à maintenant, précise Mme Tapé. Il y a encore des questionnements sur le fonctionnement et les cotisations. On va prendre les prochains mois pour bien expliquer le projet à tout le monde. On croit qu’on n’a plus le choix d’aller de l’avant avec un tel outil. C’est la bonne chose à faire.»

AFFAIRES

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2023-12-02T08:00:00.0000000Z

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