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Une histoire plus que centenaire

MICHEL PRÉVOST

La paroisse franco-ontarienne Saint-Léon-le-Grand de Treadwell, sur les rives de la rivière des Outaouais, dans l’Est ontarien, célèbre cette année son centième anniversaire.

Le peuplement européen du territoire commence toutefois bien avant 1923. En effet, des colons anglophones viennent s’y établir dans la première moitié du 19e siècle alors que les francophones arrivent dans la deuxième moitié du siècle et deviennent rapidement majoritaires.

Au début de la colonisation, l’endroit porte le nom de Brown’s Wharf puisque l’on y trouve un quai. À cette époque, les transports se font essentiellement sur la rivière des Outaouais et les quais jouent un rôle important pour la circulation des gens et des marchandises, particulièrement le bois.

Le 1er juin 1857, un premier bureau de poste voit le jour sous le nom de Treadwell, en l’honneur du shérif Charles Platt Treadwell, ancien seigneur de Pointe-à-L’Orignal. En 1796, son père, Nathaniel, l’achète du baron de Longueuil. Cette seigneurie, créée en 1674, s’avère l’une des trois seules sur le territoire actuel de l’Ontario.

L’ARRIVÉE DE FRANCOPHONES

À partir de 1840, un grand nombre de Canadiens français partent de la vallée du SaintLaurent pour s’installer dans l’Est ontarien et en Outaouais, où ils acquirent des terres pour établir leur famille et travaillent dans l’industrie forestière.

Dans les années 1860, on trouve à Treadwell les noms des familles Senécal, Dorie, Delair, Rainville et Campeau. Puis, dans les années 1870, s’ajoutent les Lortie, Gravel, Bissonnette, Charbonneau, Bertrand et Chénier. Dix ans plus tard, plusieurs autres familles francophones s’y établissent, notamment les Desjardins, Allard, Barbarie, Parisien, Martin, Larocque, Mercier, Lanthier et Lavigne.

En 1883, Gédéon Frédette, mon arrière-arrière-grand-père et l’ancêtre de la famille Fredette encore présente à Treadwell, vient s’y établir. En 1887, c’est au tour de Florent, Gédéon et Joseph Senécal, ancêtres des familles Senécal, de s’enraciner dans la future paroisse.

ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE

Au début du 20e siècle, le développement de Treadwell repose sur l’industrie du bois et l’agriculture. Le hameau demeure toutefois bien modeste avec son magasin général, son bureau poste, sa boutique de forge, son hôte et ses quelques maisons. Le quai s’avère l’endroit le plus achalandé. Ce dernier sera enseveli au début des années 1960 avec la montée de la rivière des Outaouais après la construction du barrage de Carillon.

Comme toutes les communautés agricoles basées sur l’industrie laitière, Treadwell possède ses fromageries, l’une dans le village et l’autre à la campagne. L’arrivée, à la même période, du chemin de fer favorise les exportations comme le fromage, le lait, la crème et les cultures, tout en facilitant les déplacements des passagers. Cette voie ferrée sera démantelée vers 1937.

LA FONDATION DE LA PAROISSE

Malgré la croissance de la population francophone et catholique, les pratiquants doivent se rendre à la paroisse voisine de Saint Paul, à Plantagenet. En 1922, les fidèles envoient une pétition à l’archevêque d’Ottawa, Monseigneur J.-M. Émard, pour la création d’une nouvelle paroisse à Treadwell.

La paroisse, qui compte une quarantaine de familles, est érigée canoniquement, le 10 novembre 1923, jour de l’anniversaire de Saint Léon-le-Grand, pape de 440 à 461. L’érection de l’église en bois et du presbytère commence rapidement au coût de 11 000 $ sur un terrain donné par Francis Senécal. Alexandre Senécal cède une parcelle de terre pour le cimetière. L’abbé André Bazinet devient le premier curé de la paroisse.

Au début, les messes sont célébrées dans l’école du village et le curé réside dans l’ancien hôtel Duchesne. La paroisse Saint Joseph d’Orléans vient en aide à la paroisse en donnant les bancs, l’autel, la chaire et des accessoires.

Fait intéressant, les paroissiens s’engagent à verser chaque année 600 $ en dîmes. De plus, chaque famille promet de donner annuellement une corde de bois pour chauffer l’église et le presbytère.

Le 30 août 1925, une dizaine de prêtres de la région et les fidèles de Treadwell assistent à la bénédiction de la cloche donnée par le curé de Saint-Isidore. Elle porte les noms de Léon, André et Onésime. La vie paroissiale sera florissante pendant plusieurs décennies.

VILLAGE PAISIBLE

Aujourd’hui, Treadwell demeure un village francoontarien bien paisible entouré de belles terres agricoles. Il ne subsiste plus aucun commerce dans le village et la fromagerie rurale est fermée depuis longtemps. Le presbytère est maintenant une résidence privée, mais l’église demeure ouverte au culte et l’ancienne école sert de salle paroissiale.

Quant à la petite maison de mon grand-père William Drouin et de ma grand-mère Victoria Fredette, juste en face de l’église, elle résiste au temps. Elle me rappelle mes étés passés chez mes grands-parents et la période où j’y ai vécu après la mort tragique de mon père Edgar, en 1962. Je n’oublie pas avoir été enfant de coeur à l’église Saint-Léon-le-Grand.

Plusieurs activités ont souligné cette année le centième anniversaire de la paroisse Saint-Léonle-Grand et un livre souvenir sera bientôt publié. N’hésitez pas à vous le procurer.

Source :

75e anniversaire de la paroisse SaintLéon-le-Grand 1923-1998, Kaice-tec Reproduction ltée, 1998, 109 p.

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