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Une sortie de crise se dessine à Gatineau

MATHIEU BÉLANGER mabelanger@ledroit.com

Une voie de passage semble vouloir se dessiner afin de dénouer l’impasse budgétaire dans laquelle se dirige tout droit le conseil municipal de Gatineau depuis quelques jours. Les propositions faites par Action Gatineau telles que rapportées par Le Droit, vendredi matin, pourraient renfermer les ingrédients d’une sortie de crise, admet le président du comité exécutif, Daniel Champagne.

«À partir du moment où les élus acceptent de travailler à l’intérieur d’une hausse de taxes de 2,9%, je pense qu’on doit agir de façon responsable comme exécutif et se mettre à l’écoute, a-t-il affirmé en entrevue. Il y a des éléments proposés par Action Gatineau qui m’apparaissent raisonnables.»

Le ton utilisé par le président du comité exécutif, vendredi matin, tranchait avec celui de fermeture complète à toute négociation mis de l’avant par la mairesse France Bélisle, depuis le début de la semaine. Jeudi, en marge de son déjeuner avec la Chambre de commerce de Gatineau, elle appelait de nouveau ses adversaires à faire preuve de maturité, à cesser la «politicaillerie» et à voter en faveur du budget dans sa mouture actuelle.

«On doit avoir la responsabilité de se donner des alternatives pour adopter un budget le 5 décembre prochain, a insisté M. Champagne. Si on est à 3 millions de dollars d’avoir un consensus pour adopter un budget, je pense qu’il faut être attentif. […] Gatineau a parfois rayonné pour de mauvaises raisons dans les dernières années et je ne crois pas qu’on a besoin de faire rayonner Gatineau parce qu’on n’est pas capable d’adopter notre budget. On n’est pas à des années-lumière de s’entendre. J’ai eu de nombreuses discussions avec des collègues dans les derniers jours, au-delà de la partisanerie, avec Action Gatineau et d’autres collègues indépendants. Je sens qu’on est proche de quelque chose et comme président du comité exécutif, je souhaite qu’on poursuive le travail pour arriver à un point de rencontre qui nous permettra comme conseil d’adopter ce budget. La politique est l’art du compromis. Tout le monde a encore un bout de chemin à faire, mais je crois qu’on peut cheminer.»

LES INGRÉDIENTS DE LA SORTIE DE CRISE

La clé de voute de la proposition de sortie de crise proposée par Action Gatineau réside dans l’augmentation de la taxe sur les terrains vagues déjà desservis par des infrastructures municipales. Le projet de loi 39, actuellement à l’étude à Québec, permettrait à la Ville de faire passer ses revenus provenant de cette mesure d’écofiscalité de 9 à 18 millions de dollars par année. Action Gatineau propose qu’une fois votées, que les dispositions de la nouvelle loi soient rapidement analysées par la Ville et qu’une mise en application de la nouvelle taxation soit faite dans le cadre d’une mise à jour financière en juin 2024.

«Je suis d’accord avec ça et le comité exécutif entend déposer une recommandation en ce sens mardi prochain, a confirmé M. Champagne. Là où les choses pourraient encore se compliquer, c’est sur l’utilisation des sommes provenant de cette taxe. Action Gatineau propose d’utiliser une tranche de 2,8 millions de dollars dans des mesures d’atténuation de la vitesse dans les quartiers des 2024, ainsi qu’une somme de 200 000 dollars dans la conservation de la forêt Boucher.

«C’est certain que j’aurais aimé que nos collègues d’Action Gatineau fassent cette proposition au moment de la semaine d’étude budgétaire, mais une fois que j’ai dit ça, et quand je cogne aux portes, s’il y a une chose qui revient souvent c’est bien la sécurité dans les quartiers, a indiqué M. Champagne. Je serai donc très attentif aux discussions là-dessus la semaine prochaine. Quant au financement de la forêt Boucher, je pense aussi qu’on doit pérenniser son financement et cesser de le faire à l’année, à la demande. On doit faire mieux parce que c’est un joyau pour toute la Ville de Gatineau.»

Le président du comité exécutif souligne toutefois que le projet de loi 39 n’est toujours pas adopté et qu’il ne le sera vraisemblablement pas lorsque le conseil sera appelé à se prononcer sur le budget 2024, mardi prochain. La proposition d’Action Gatineau est donc basée sur un levier fiscal qui n’est pas encore à la disposition de la Ville et dont le fin détail n’a pas encore été analysé par les fonctionnaires.

MUR ANTIBRUIT DE LA VÉRENDRYE

Action Gatineau propose aussi qu’une somme de 5 millions de dollars provenant de cette taxe sur les terrains vagues desservis aille directement à la réfection du mur antibruit du boulevard La Vérendrye entre les années 2025 et 2028. Cette proposition reçoit un accueil beaucoup moins enthousiaste de la part du président du comité exécutif. «S’il y a une chose qui pourrait devenir conflictuelle la semaine prochaine dans les demandes faites par Action Gatineau, c’est celle-là, a averti M. Champagne. Je soupçonne que tous les élus ont aussi des projets qu’ils souhaiteraient voir être financés dans leur quartier.»

Ce dernier précise que contrairement aux autres demandes formulées par la formation politique, celle du mur antibruit n’a pas les ingrédients pour avoir un impact global, dans l’ensemble des secteurs. Il dit comprendre la démarche faite par le conseiller Louis Sabourin et il se dit prêt à ce que le sujet fasse l’objet d’une analyse plus approfondie en 2024, mais le fruit n’est pas mûr, selon lui, pour qu’un engagement puisse être pris la semaine prochaine.

Les deux autres demandes formulées par Action Gatineau, à savoir le retour d’une consultation encadrée des élus municipaux dans le cadre de la préparation du budget - exercice aboli cette année par le comité exécutif - et que la Ville se dote d’un outil permettant de calculer l’empreinte carbone de ses décisions budgétaire ne devraient pas faire l’objet d’un bien long débat la semaine prochaine.

Il va de soi que le conseil souhaite évaluer l’impact environnemental de ses décisions, note M. Champagne. Quant à la consultation des élus dans le cadre de la préparation budgétaire, M. Champagne «plaide coupable» pour avoir expliqué trop tard, cette année, pourquoi l’exercice n’avait pas eu lieu. Il précise que dans sa forme initiale, et dans le contexte budgétaire actuel, l’exercice était devenu futile. «On aurait pu repenser notre processus de consultation plus tôt pour qu’il soit en place à temps pour le budget, a-t-il convenu, vendredi. Je suis d’accord avec Action Gatineau qu’il faut trouver une autre forme de consultation pour les élus.»

Les élus municipaux ont rendez-vous à 9h, mardi matin, pour le caucus préparatoire au conseil municipal spécial portant sur l’adoption du budget. C’est à ce moment qu’Action Gatineau pourra présenter ses amendements et que les discussions auront lieu. Le vote officiel sur le budget 2024 est prévu en début de soirée.

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