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LES PARENTS ET LA GRÈVE

DANIEL LEBLANC dleblanc@ledroit.com

La grève du personnel scolaire est devenu un véritable cassetête pour les parents qui n’ont pas de plan B. Par contre, certains employeurs ont décidé d’attraper la balle au bond en intégrant les enfants en milieu de travail.

En cette ère où la conciliation travail-famille est sur toutes les lèvres et alors que la pandémie a déjà passablement forcé la société à développer un sentiment de résilience, cette situation exceptionnelle a amené quelques milieux de travail à user d’originalité, et ce, pour le bien-être de leur personnel.

Dans les nouveaux bureaux d’Ed Brunet et Associés, à Gatineau, une idée qui germait déjà dans la tête de la direction et des employés depuis l’été, bien avant que les grèves ne perturbent le calendrier scolaire, est devenue réalité au bon moment.

Murale aux couleurs de l’entreprise, coussins, tapis avec marelle, fauteuil suspendu au plafond, fanions, jeux de société, livres, console vidéo Nintendo, table pour dessiner : un grand bureau jusqu’ici vacant a été transformé en salle de jeux pour les enfants du personnel.

« C’est intéressant car c’est un projet qu’on avait commencé à imaginer cet été, grève ou non, par exemple ne serait-ce que pour quand il y a des journées pédagogiques, des enfants qui se sentent moins bien, avant ou après un rendez-vous chez le dentiste, explique la vice-présidente exécutive, Sophie Brunet. On se disait que ce serait plaisant d’avoir un espace où les enfants peuvent s’amuser pendant que les parents travaillent. »

Au moins le tiers des employés de l’entreprise ont des enfants d’âge scolaire, précise-t-elle.

« Le hasard a fait que le projet a été terminé juste à temps pour la grève, le timing était bon. En plus, on a une élève du secondaire (enfant d’un employé) qui vient les occuper, aujourd’hui (jeudi) c’était une journée film, pyjama, bonbons, popcorn, renchérit-elle. C’est le fun, ça crée une belle synergie, ça amène de la vie au bureau et les parents apprécient l’initiative. »

La gestionnaire affirme que ses propres enfants en profitent aussi et que même le benjamin, qui a trois ans, préfère le bureau à la garderie ces derniers jours.

Le geste était tout naturel pour l’entreprise familiale, dit Mme Brunet.

« Ça fait des années qu’on prône la conciliation travail-famille. Mon père parlait de ça même dans les années 90. Quand j’étais jeune, nous allions au bureau. Ça fait partie de qui nous sommes. Les enfants associent le bureau à quelque chose de positif, ça les garde motivés. [...] Et ça permet aux parents de continuer à travailler, ils ne viennent nous voir qu’une ou deux fois. Parce que dessiner à côté de son parent, ça peut devenir long », raconte la mère de famille.

LES PETITS MÉDIGO

À la Clinique Médigo, il y a davantage d’action depuis plus d’une semaine alors qu’une dizaine d’enfants accompagnent leurs parents au travail puisque le télétravail n’est pas un plan B pour ces derniers.

Les « petits Médigo » de 5 à 12 ans, comme se plaît à les appeler la directrice médicale, la Dre Anne Gervais, feront partie du quotidien jusqu’à ce que les écoles rouvrent leurs portes.

« J’ai rencontré mon personnel vendredi dernier et en voyant les enjeux, j’ai proposé qu’on accepte les enfants à la clinique, s’ils sont mal pris. On les a intégrés, on a même des t-shirts pour eux aux couleurs de Médigo et de petits stéthoscopes, raconte-t-elle. Il y a de petites activités de bricolage et le personnel se relaie (pour les guider) une petite demi-heure ici et là. Ça met de la vie dans la clinique, ça fonctionne très bien. Même les patients sont emballés. »

Selon la nature de la tâche de Maman ou Papa, les enfants se regroupent pour une activité ou accompagnent leur parent. Des tâches leur sont aussi parfois proposées, par exemple le nettoyage des chaises.

« C’est un projet qu’on va étendre (après le conflit). Depuis la COVID, le taux d’absentéisme est assez élevé mais en même temps le télétravail est difficile pour nous car nous sommes dans des soins directs. Et cette semaine, il n’y a pas eu d’absentéisme du tout », signale la Dre Gervais.

Au Studio 157, où le télétravail n’est pas une option, la directrice d’établissement Marie-Ève Viens affirme qu’on a pu s’adapter aux besoins du personnel dont les enfants sont d’âge scolaire.

« Ils peuvent apporter leurs enfants s’ils sont autonomes. Certains le font pour un avant-midi ou un après-midi. D’autres (employés) adaptent leur horaire et travaillent en soirée plutôt qu’en journée, par exemple. Certains prennent congé une partie de la semaine et travaillent l’autre portion. On s’ajuste, on essaie d’écouter leurs besoins », explique-t-elle

Mme Viens ajoute que l’avantage — aussi mince soit-il — pour les parents touchés par la grève est que les jeunes d’âge scolaire sont davantage en mesure de se débrouiller si on les encadre et leur confie des tâches, contrairement à la petite enfance.

PETIT CAMP DE JOUR

À la Sporthèque, un nombre très minime d’employés sont confrontés comme parents à la grève en éducation, mais on a décidé de faire notre part en créant un camp de jour sporadique qui accueille 15 enfants.

« Les enfants de nos employés sont intégrés (ici) quand les grands-parents ne peuvent les prendre. On s’organise. [...] Avec ce camp, on travaille avec des tout-petits autour, mais ce n’est pas grave, ils sont gentils. On ne peut pas accueillir plus d’enfants parce que c’est le gros de notre saison, peu de locaux sont disponibles », mentionne la propriétaire et directrice générale Élaine Dupras.

Les enfants profitent entre autres du studio d’entraînement, font des sorties aux quilles et bricolent. Chose certaine, la demande est énorme alors que le conflit de travail n’est pas réglé.

« J’ai 700 personnes sur une liste d’attente. On reconduit le service chaque semaine si ça s’étire », explique-t-elle.

Les milliers d’enseignants affiliés à la FAE en Outaouais sont en grève générale illimitée tandis que les syndiqués affiliés au Front commun, après une grève de trois jours la semaine dernière, prévoient débrayer du 8 au 14 décembre. Une centaine d’écoles de la région sont fermées depuis le 21 novembre.

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