Une guignolée des médias dans une ère de turbulences économiques

«Personne ne devrait rester sur faim»: c’est cet évocateur slogan de six mots qui a été choisi cette année à l’occasion de la guignolée des médias, dont la traditionnelle collecte de rue aura lieu le 7 décembre. Un événement dont la raison d’être est loin de pâlir avec les besoins qui explosent dans la communauté.

L’événement, qui en est à sa 23e année, a lieu jusqu’au 31 décembre en Outaouais alors que la population est invitée à faire des dons en argent et en denrées non périssables pour donner un coup de pouce aux gens plus démunis ou dont les circonstances de vie sont plus difficiles.

Le Centre en sécurité alimentaire de Gatineau, l’un des neuf organismes bénéficiaires de la guignolée en Outaouais, est à même de constater, sur le terrain, la hausse des demandes en cette période d’incertitude à la fois sur le plan économique et social.

«Notre augmentation ne peut pas nécessairement être calculée comme une hausse de la pauvreté parce qu’on est un nouvel organisme, mais on a quand même vu une augmentation. On aide environ 700 personnes par mois et le tiers sont des enfants. C’est une demande immense, explique la directrice Marlène Goulet. Seulement pour les paniers de Noël, l’an passé, on en a fait peut-être 350, alors qu’à ce moment-ci, on est déjà à 450 demandes.»

UN PORTRAIT QUI CHANGE

Le recours à de l’aide, rappelonsle, a atteint un niveau historique dans la région alors que selon le dernier Bilan-Faim présenté par Moisson Outaouais, le mois dernier, plus de 24 000 personnes ont eu recours à de services de dépannage alimentaire chaque mois en 2023. C’est plus du double qu’avant la pandémie, en 2019. L’une des statistiques les plus percutantes est d’ailleurs qu’une personne sur cinq (19,8%) qui est allée cogner à ces portes a un emploi, une hausse substantielle.

Selon Mme Goulet, alors que pour ajouter à tout cela des grèves battent leur plein dans le secteur public et que certains sont privés de salaire pour revendiquer de meilleures conditions de travail à moins d’un mois de Noël, il se pourrait que le profil des bénéficiaires continue de changer.

«Beaucoup de gens sont sans revenu (temporairement), il faut le souligner, alors quand on y ajoute la crise du logement, l’inflation actuelle, on ne peut plus gérer les admissions sur la base du revenu, parce que maintenant un revenu relativement décent ne réussit plus à subvenir aux besoins des familles, principalement dans les cas de monoparentalité ou de moindre changement de situation familiale. Ça crée des crises assez rapidement», note-t-elle.

HAUSSE SPECTACULAIRE DES BESOINS

À la Banque alimentaire de la Lièvre, en comparaison avec 2020, le nombre de personnes desservies est passé de 4679 à 12 165, une augmentation en flèche de 160%. Le nombre d’enfants, lui, bondira de 245% en quatre ans, selon les projections basées sur les six premiers mois de l’année 2023.

Des statistiques qui donnent froid dans le dos, selon la directrice générale de l’organisme, Anne Mercier, qui a précisé que la pauvreté n’est pas un choix et que l’augmentation des demandes est loin de suivre le même rythme du nombre de denrées stockées et des dons.

En plus de la collecte extérieure, qui aura lieu le jeudi 7 décembre de 6h à 9h à une trentaine d’intersections achalandées de la région où seront postés bénévoles d’organismes et personnalités du monde des médias pour recueillir les dons (argent comptant ou par carte via les appareils TipTap), le public pourra faire preuve de générosité chez certains commerçants (magasins Provigo et Maxi de même que les concessionnaires Nissan de Gatineau) ainsi qu’en ligne ou par texto (10$ en textant le mot NOEL au 20222).

Les organismes lancent un appel à la population qui est en mesure de donner – nonobstant la somme – dans les cinq prochaines semaines.

Une quinzaine de médias de la région – écrit, télé comme radio – collaboreront à cet événement, dont Le Droit.