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UNIFORMISER LES PRATIQUES

ANI-ROSE DESCHATELETS adeschatelets@ledroit.com

Qu’on commande un Angelot, un Angel Shot, une Bernache ou une Maison allumette, l’objectif de ces cocktails fictifs commandés dans les bars demeure le même: prévenir les violences à caractère sexuel.

Une uniformité des pratiques à Gatineau présenterait tout de même de nets avantages, selon la conseillère municipale Tiffany-Lee Norris Parent.

La majorité des établissements accrédités par le Collectif social dans le cadre du programme Commande un Angelot se trouvent au Québec, mais l’initiative se fraie lentement un chemin dans certains bars d’autres provinces canadiennes, comme le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve-et-Labrador.

Commande un Angelot n’est cependant pas le premier programme du genre à être mis sur pied. Le projet s’inspire d’ailleurs des initiatives Angel Shot aux États-Unis et Ask for Angela au Royaume-Unis. Mais bien d’autres établissements ont aussi mis en place leur propre système pour prévenir les violences sexuelles.

C’est d’ailleurs le cas du bar Le Minotaure, dans le Vieux-Hull, qui a déjà mis en place une procédure du genre. « J’avais vu d’autres bars sur les réseaux sociaux faire ça, puis je trouvais que c’était une vraiment bonne idée », a affirmé le copropriétaire de l’endroit, Philippe Roy. « Au départ, ce qui m’a convaincu de le faire, c’était qu’on veut vraiment que les gens se sentent bien au Minotaure, que ce soit un safe space. On croit que ça fait partie de la solution pour que les gens l’utilisent et se tirent d’une situation [inconfortable].

Au Minotaure, le système fonctionne en commandant des boissons fictives qui portent les noms de «Bernache» pour les femmes et «Maison allumettes» pour les hommes. Les employés savent aussitôt que le client a besoin d’assistance. Le bar a également instauré un système de paliers. «Par exemple, avec les Bernaches pour les femmes, si tu en commandes deux, on va t’escorter à ta voiture. Si tu en commandes cinq, on te cache. On a un endroit pour se cacher dans le bar que l’équipe connaît, puis on appelle un taxi. Après 10 Bernaches, ça ne va pas pantoute. On te cache et on appelle la police», explique M. Roy.

Il soutient avoir reçu bon nombre de commentaires, surtout de femmes, soulignant leur appréciation qu’un système du genre soit en place dans l’établissement. Au niveau de son utilisation, elle demeure assez rare, heureusement. «Le système est là au cas où. Mais c’est juste le fait qu’il soit là, même si je te dis que c’est utilisé une fois par mois, je pense que ça en vaut la peine.»

UNIFORMITÉ

Pour la conseillère municipale de Gatineau Tiffany-Lee Norris Parent, uniformiser la pratique serait un net avantage tant pour les bars participants que pour leur clientèle. «47,4 % des étudiants rapportent avoir été victimes d’au moins une forme de violence sexuelle durant une activité ou un événement dans un bar. À mes yeux, je trouvais ça vraiment important pour les personnes qui vivent ça, mais aussi pour la jeunesse qui peut être exposée à ça, de travailler tous ensemble pour le prévenir.»

Philippe Roy croit que de projeter un projet à la grandeur municipale est une excellente idée. Il se dit aussi très ouvert à embarquer dans le bateau du mouvement Commande un Angelot. «Je comprends l’enjeu que ça facilite les choses que ce soit le même mot un peu partout. Peutêtre ça va même donner le goût à d’autres villes d’embarquer, de l’implanter», souligne-t-il.

«J’espère que ce n’est pas quelque chose qui arrive souvent à Gatineau. Dans ce contexte-là, moins l’initiative est utilisée, plus on est content, poursuit Mme Norris Parent. Mais je pense que c’est quand même important aussi qu’il y ait un peu de marketing commun par rapport à ça, que les gens connaissent le programme, savent que ça existe au besoin.»

La directrice générale du Collectif social, Andréanne St-Gelais, félicite l’initiative de bars qui instaurent, à l’instar du Minotaure, leur propre programme de prévention de la violence sexuelle.

Elle soutient que le gros avantage que représente toutefois un partenariat avec le Collectif social et une uniformisation des pratiques est en effet le volet formation.

«Ça a l’air de rien, mais il y a un haut taux de roulement dans les bars, donc il faut s’assurer que quand il y a de nouveaux membres du personnel qui arrivent en poste, on les informe qu’ils sont au courant justement de l’initiative, puis de quoi faire si quelqu’un commande un Angelot ou tout autre tout autre nom de programme.»

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2023-12-02T08:00:00.0000000Z

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