« Un Angelot, s’il vous plaît »

Un coup de pouce de Gatineau demandé afin d’appuyer l’initiative pour prévenir les violences sexuelles dans les bars.

Savez-vous ce qu’est un Angelot ?

Un Angelot est un cocktail fictif qu’une personne peut commander dans un bar ou un événement. Il alerte les employés de façon discrète. C’est une façon de dire qu’on a besoin d’aide ou qu’on ne se sent pas en sécurité. Mais pour cela, il faut que le lieu ou l’activité fasse partie du programme Commande un Angelot.

Et il est temps que la Ville de Gatineau adhère à plus de programmes et d’initiatives comme celles là pour prévenir la violence sexuelle, affirme la conseillère municipale Tiffany-Lee Norris Parent. Elle espère voir le projet Commande un Angelot s’implanter dans la municipalité au cours des prochains mois.

« Je pense qu’un projet comme ça va permettre de sensibiliser les Gatinois au problème des violences sexuelles et promouvoir un environnement qui est sûr et respectueux dans les bars. Ça va venir changer les attitudes et les comportements pour arrêter un problème qui touche en grande partie les jeunes adultes », a soutenu la conseillère, en entrevue avec Le Droit.

L’initiative Commande un Angelot se voulait initialement, lors de sa fondation en 2017, être un programme instauré dans les bars des associations étudiantes pour permettre aux individus qui se trouvaient dans une situation inquiétante d’être pris en charge par des employés du bar, explique la directrice du Collectif social, l’OBNL derrière l’initiative, Andréanne St-Gelais. « Au fur et à mesure, on a réalisé que c’était pertinent pour tout plein d’endroits : des bars, des salles de spectacles, des festivals, mêmes, explique-telle. Depuis ce temps-là, on essaie de l’implanter dans différents lieux festifs où on peut arriver à prévenir les violences sexuelles. »

À Gatineau, l’implantation de ce programme nécessiterait un investissement d’environ 16 500 $, soutient la conseillère. Selon Mme Norris Parent, la Commission du Vivre-ensemble, dont elle est la présidente, a recommandé que ce soit six à huit bars de la région de Gatineau qui soient ciblés en premier lieu. L’initiative doit être ensuite entérinée par le conseil municipal, en janvier prochain. « C’est sûr qu’une fois que ça va être adopté au conseil municipal, il va y avoir une analyse pour voir quels sont les bars qui devraient être ciblés. C’est sûr qu’il y a un bar à l’UQO. Il y a des bars dans le Vieux-Hull, il y a des bars à travers Gatineau. Je pense que ce serait de voir justement où seraient les endroits qui pourraient potentiellement avoir le plus de problématique. Ce sont les bars qu’on devrait cibler, à mon avis. »

La Ville peut venir jouer un rôle dans la promotion du projet, notamment avec le service de police, mais son implication est davantage financière pour permettre à l’organisme de venir offrir sa formation dans les établissements gatinois.

UN BON COUP DE POUCE DU MUNICIPAL

Pour Mme St-Gelais, l’engagement des municipalités dans l’initiative représente un coup de pouce important pour aider les bars à adhérer et à participer aux protocoles.

« Ça envoie un message clair pour les établissements qui ont un permis d’alcool que pour la municipalité, c’est un enjeu important, soutient-elle. Ça les aide un peu à connaître le programme et prendre conscience de l’importance d’y participer. Alors quand on va sur le terrain ensuite, ils en ont déjà entendu parler. »

Le programme de formation est exigeant à cause de l’engagement, la formation et les suivis nécessaires, affirme Mme St-Gelais, et cela peut représenter un défi supplémentaire si on prend en considération la situation économique précaire dans laquelle certains bars et restaurants sont plongés.

L’engagement d’une ville comme Gatineau, surtout au niveau financier, peut représenter un outil de taille. « Des fois, ça va être des municipalités, je pense par exemple à Montréal, à Laval, puis là, maintenant, à Gatineau. Des fois, ça va être aussi être des MRC ou même des régions administratives au grand complet qui veulent s’impliquer », ajoute-t-elle.

Certains ministères, comme le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche du Québec, octroient aussi occasionnellement des financements, pour que la formation soit offerte aux bars situés à proximité de cégeps ou d’université, par exemple.

FORMATIONS

L’idée, explique Mme St-Gelais, demeure un objectif de prévention avant tout. « Ce qu’on dit aux gens dans les formations, c’est que oui, il y a l’Angelot, l’espèce de faux cocktail. Les gens le connaissent. Mais nous, ce qui est important, c’est de prévenir la violence sexuelle avant même que quelqu’un ait besoin de commander un Angelot. Ce qu’on dit dans les formations, c’est vraiment qu’on a comme objectif qu’il n’y a jamais personne qui en commande, parce qu’on peut apprendre à détecter les situations problématiques et intervenir avant que les choses se passent. On a aussi des bars qui nous sont revenus après qu’il y ait des situations d’Angelot qui ont été commandées. Parce qu’ils doivent faire un petit rapport quand ça arrive, et nous ont témoigné du fait que ça fonctionne, que c’est une bonne façon d’aider les gens. La personne se sent rassurée, puis elle se sent soutenue dans le processus pour aller chercher de l’aide par la suite. »

Pour Mme Norris Parent, le Collectif social propose un

« Je pense qu’un projet comme ça va permettre de sensibiliser les Gatinois au problème des violences sexuelles et promouvoir un environnement qui est sûr et respectueux dans les bars...» — Tiffany-Lee Norris Parent

programme clé en main duquel il faut tirer avantage.

« On n’a personne à la ville présentement, à ce que je sache, qui a l’expertise pour faire ce projet-là, tandis qu’on a un organisme qui est prêt à le faire avec un coût qui est quand même bas, qui va venir faire de la prévention, qui va venir faire des suivis, qui va envoyer aussi une clientèle mystère pour s’assurer que les bars respectent le protocole. C’est un peu comme ça que je le vois. Il y a une expertise, pourquoi pas l’utiliser. »