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DES BOULONS, DE L’ALU ET BEAUCOUP DE PASSION

par Lise Ravary / Collaboration spéciale PHOTO: LE DROIT, PATRICK WOODBURY

DEUX ENTREPRISES, DEUX JOUEURS INDUSTRIELS à L’OEUVRE DANS LE MARCHé DE CONSTRUCTION, DEUX FIERS GATINOIS qui partagent une passion pour l’entreprenariat et la croissance. Deux sociétés manufacturières que le programme G10 de ID Gatineau aide à aller plus loin.

Aluminium Dépôt : Un peu plus haut…

Sur mon écran Zoom apparaît le visage d’un bel homme, heureux.

Claude Poirier, président de l’entreprise gatinoise Aluminium Dépôt, aime la vie, aime sa vie.

Il me parle depuis la Floride où il se repose quelques jours avant de reprendre le collier. Et quel collier ! Non seulement dirige-t-il un fleuron industriel de la région, à 56 ans Claude Poirier est un triathlète.

Il participe à trois Ironman par année — tout comme son épouse France Hutchison — ce qui exige 15 heures d’entraînement par semaine en plus de travailler 60 heures.

Il espère se qualifier pour le championnat du monde, rien de moins. Mais le déclic entrepreneurial est venu en 2010 quand il a acquis Aluminium Dépôt d’un ex-employeur.

« J’étais en année sabbatique mais j’avais déjà travaillé pour eux en comptabilité. J’ai entendu dire que les propriétaires voulaient vendre. »

Depuis 40 ans, Aluminium Dépôt se spécialise dans la fabrication, la vente et l’installation de produits en aluminium pour le marché de la construction et de la rénovation. Mais la pandémie et le défi de l’approvisionnement l’a incité à trouver son nouveau marché : la construction en hauteur, les immeubles de plus de dix étages.

« Les terrains sont chers, les villes se densifient : c’est l’avenir. »

Travaillant avec des consultants et son équipe, Claude Poirier a bâti un plan d’affaires béton.

« L’équipe a traversé la peur de la croissance. Notre transition a commencé pendant la COVID-19 et s’est terminé avec la pandémie. Nous avons nos premiers contrats en main. »

Quand on dit que Claude Poirier voit grand, il voit loin aussi. Pour solidifier son approvisionnement en aluminium, il s’est retrouvé en Bulgarie à la recherche de nouveaux fabricants.

« J’étais abasourdi. En plein champ, en Europe de l’est, j’ai découvert une usine familiale à la fine pointe de la technologie. C’est loin la Bulgarie mais je reçois mes extrusions d’aluminium dans les mêmes délais, parfois plus courts, que si c’était fabriqué ici. »

Sa spécialisation en bâtiments en hauteur incite l’entrepreneur à se détacher progressivement du marché du détail.

« En allant dans les hauteurs, nous nous sommes rendus à Montréal, Québec, Toronto et même au nord-est des États-Unis. Je mets l’emphase sur les développeurs, les firmes de construction, le gros du marché quoi. »

Et la vie au travail ? « Même si je travaille beaucoup d’heures comme la vieille garde, j’ai reçu de la formation pour comprendre et appliquer les nouvelles méthodes de gestion. Par exemple, les équipe de production, dirigées par mon partenaire Richard Gagné, gèrent leurs propres horaires. Cela n’a pas été facile de m’adapter mais aujourd’hui, je crois que le travail n’est pas un endroit où tu vas mais ce que tu fais. »

« Je n’ai jamais dit non à une demande de congé. Les gens sont heureux mais il faut les motiver, mon plus grand défi. »

Claude Poirier entend léguer l’entreprise, dans les règles de l’art, à son fils Jonathan.

« Mon conseil aux jeunes entrepreneurs ? Gardez ça simple. Simplifier le plus possible. Moins de lourdeur permet de mieux travailler. En affaires, on se sent vivant. »

Boulons éclair : la passion des boulons

On m’avait prévenue. Vincent Gauthier de Boulons Éclair, 28 ans, va te faire tomber en amour avec les boulons, les vis et autres attaches structurelles tant il est passionné par l’entreprise qu’il co-dirige avec Guillaume Lachapelle, 29 ans, un compagnon d’université, depuis 2013. En 2019, Alec Brisebois s’est joint à Boulons Éclair en tant que directeur général.

Boulons Éclair incarne la relève en entreprenariat. Vincent et Guillaume ont fondé l’entreprise alors qu’ils étaient encore étudiants en administration. « La job parfaite n’existe pas. Il faut la créer, » dit-il.

Le succès s’est pointé dès le début. « Nous avons connu une croissance rapide. Nous avons doublé, votre triplé notre chiffre d’affaires les premières années. »

À l’époque, Boulons Éclair importait ses produits d’attaches structurelles pour le marché de la construction et autres professionnels. Mais la pandémie a imposé un changement de cap temporaire.

« Nous nous sommes recyclés dans l’importation de masques pour les hôpitaux, ce qui nous a permis de financer la prochaine étape de notre évolution : la fabrication locale. »

« Nous avons décidé de fabriquer nos propres boulons, vis et attaches avec de l’acier québécois et dans certains cas, des États-Unis, ici même à Gatineau. Nous recevons des barres d’acier de 20 pieds que nous coupons et transformons selon les besoins de nos clients, mais certains produits spécialisés sont encore réalisés en Asie. »

Ce changement de cap a nécessité l’achat de trois machines spécialisées, la construction d’une usine et l’embauche de personnel.

« Nous avons 14 employés, la plupart sont là depuis le début. Nous proposons un style gestion basé sur la confiance, la souplesse, le travail en équipe et la transparence. »

Boulons Éclair est déjà reconnu comme un leader canadien dans son domaine.

L’entreprise a élargi son terrain de jeu avec l’acquisition de clients sur la côte ouest des États-Unis.

« Aujourd’hui, un tiers de notre chiffre d’affaires vient du Québec, un tiers de l’Ontario et le dernier tiers des États-Unis. »

Être établi en Outaouais ne nuit pas à cette vision d’expansion, au contraire.

« Nous offrons les mêmes normes internationales, nous avons les mêmes exigences de qualité et nos coûts d’exploitation sont plus bas. Nous ne sommes qu’à une heure vingt minutes de Montréal. »

« Nous sommes partis de rien », explique Vincent Gauthier, pas peu fier. « Nous n’avions aucune aide financière hormis un prêt de la banque. Les jeunes entrepreneurs se font dire qu’il faut attendre le bon timing, que ça prend beaucoup d’argent pour se lancer en affaires. C’est un mythe. Il faut de la préparation, de l’énergie et le courage de sauter dans le vide. »

« Nous bâtissons des écoles, des entrepôts, des infrastructures de tous les jours. Des petites choses de tous les jours qui font que le monde fonctionne. Ce n’est pas rien. »

Vu comme sous cet angle, les boulons c’est passionnant.

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2023-05-27T07:00:00.0000000Z

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