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GAGNER SA VIE EN VOYAGEANT

APRÈS AVOIR DOCUMENTÉ UN VOYAGE DE VÉLO À TRAVERS 27 PAYS SUR UN BLOGUE PERSONNEL, Jonathan B. Roy est naturellement devenu une référence du cyclotourisme. Mais aussi un exemple de ce que peut être un changement de carrière lucratif et heureux.

par Charles Fontaine /

Auteur de deux livres, conférencier, blogueur, reporter pour Vélo Mag, vidéaste pour Vélo Québec, Jonathan B. Roy, 37 ans, pourrait sembler loin de son passé d’avocat, mais pas tant que ça, selon lui.

Le Droit AFFAIRES a rejoint l’aventurier au lendemain du Salon du livre de Québec, où son kiosque a été fort achalandé.

Tout a commencé lors de son premier voyage en vélo en 2016 où il a parcouru 18 000 km de l’Angleterre à la Malaisie. Il racontait ses histoires de voyage sur un blogue et une page Facebook pour informer ses proches de son périple. De fil en aiguille, ses articles ont été partagés de plus en plus et les médias ont commencé à exposer son aventure.

« Ça s’est fait de manière très organique. Je n’avais pas l’objectif d’en faire une carrière. Le blogue m’a permis d’écrire un livre, qui a engendré des articles pour des magazines, et qui me donne confiance pour donner des conférences. »

Aujourd’hui, tout ça permet au Francoontarien de gagner sa vie. Et de pouvoir travailler partout dans le monde, quand les opportunités passent.

Il a notamment accepté un contrat d’un an avec Airbnb et oeuvré comme juriste en Asie pour une société française.

À la base, le cycliste est curieux et aime le « bon monde » qu’il croise partout sur la planète et dont il « raconte les histoires ».

« Le vélo est un moyen pour rencontrer les gens et se rendre à des endroits qu’on croit inaccessibles, dit-il. Tu n’es pas prisonnier d’une cage comme en voiture. Le vélo attire vraiment le regard. En campagne, les gens ne sont pas habitués à voir des touristes et t’invitent tout de suite à manger ou dormir. »

Accumuler les compétences

L’originaire de L’Orignal dans l’Est ontarien a étudié en génie et en droit, et a été directeur des ressources humaines aux Comtés unis de Prescott-Russell avant de se créer une carrière de globe-trotter.

Selon lui, tout cela est possible grâce à son intérêt pour les gens bien plus que son habileté sur deux roues.

« C’est bénéfique de se voir autrement que par notre description de tâches dans les emplois. Je crois qu’on va chercher le meilleur des gens quand on s’intéresse à eux et que l’on connaît vraiment leurs intérêts. »

Le voyageur a su démarrer un blogue grâce aux histoires à raconter ainsi glanées, mais aussi avec des connaissances web acquises quand il était tout jeune et construisait des sites sur Internet, par plaisir.

Avocat et auteur

C’est à la fin de son premier périple que Jonathan B. Roy a reçu une offre d’emploi en tant que juriste pour une compagnie française pour l’Asie du Sud-Est, offre qu’il accepte.

En même temps, quelques maisons d’édition au Québec le contactent pour l’écriture d’un livre. Le magazine de cyclisme Vélo Mag le sollicite pour des reportages. Tout déboule.

Même si son expérience d’écriture se résumait à des chansons et des documents légaux, son premier livre Histoires à dormir dehors se vend à plus de 8000 exemplaires.

De bons chiffres de ventes dans le marché francophone.

Ce n’est cependant pas le médium le plus payant. Ni le blogue, où il a fait le choix de ne pas afficher de produits ou de le commercialiser autrement.

« Ça sert plus à avoir une crédibilité, une carte de visite », explique-t-il.

Son gagne-pain découle des conférences qu’il donne ainsi que des vidéos qu’il produit, notamment en collaboration avec la Route Verte, le grand réseau cyclable québécois et le plus important en Amérique du Nord.

Ici comme ailleurs

Le Franco-ontarien ne pose pas de barrière entre le travail et les vacances. Ses voyages, qu’il finance lui-même pour la plupart, sont une occasion de vivre de nouvelles aventures qu’il rapporte sous forme de textes ou de vidéos.

« Récemment, j’étais à Tokyo et je contacte toujours des personnes du monde du cyclisme pour trouver des histoires intéressantes. J’ai découvert un stationnement de vélo souterrain et automatisé où tout est sécurisé de manière technologique. Ça me fait une vidéo sur YouTube et un texte pour Vélo Mag. »

Celui qui voyage en moyenne le quart de l’année a toutefois réalisé en 2021 un rêve classique : être payé pour voyager pendant un an.

La compagnie Airbnb cherchait 12 voyageurs pour promouvoir son programme Live Anywhere, qui met en lumière le télétravail à l’international. Il a été le seul Canadien a être sélectionné parmi 314 000 candidatures !

Cette expérience a permis à Jonathan B. Roy et aux autres participants de tous les horizons de vivre dans de nombreux pays.

En échange des dépenses payées et des crédits d’hébergement, les voyageurs devaient répondre à des questions sur leur expérience et accepter que la multinationale publie certaines de leurs photos de voyage.

« C’était tellement gros et rapide que je croyais que c’était une arnaque, se rappelle Roy. C’est à partir du moment où j’ai reçu de l’argent dans mon compte que je me suis dit que tout ça allait vraiment se passer. »

Durant cette année-là, en 2021-2022, il a vécu dans neuf pays différents et en a profité pour plonger dans l’écriture de son deuxième bouquin, D’autres histoires à dormir dehors.

Ceci n’est pas une agence de voyage

Après 40 000 km parcourus à vélo à travers ses périples, plusieurs pourraient croire que le cycliste voyageur est un athlète né.

« Je n’ai pas de gros mollets et j’étais choisi dernier dans les sports d’équipes à l’école, se souvient-il. Je répète que ce que j’ai fait n’est pas un exploit sportif. Tu peux faire du vélo pendant 12 heures et ton corps ne sera pas détruit. Je ne suis pas non plus du genre à pédaler 60 km un samedi par plaisir. Le vélo pour moi est vraiment le meilleur moyen de voyager. »

C’est grâce à une grande force mentale et une curiosité innée qu’il a pu compléter son objectif selon lui.

Dans ses deux ouvrages, on part à la rencontre de nombreuses cultures, autant sur le plan social, politique, culturel, etc. Dans son deuxième livre publié en février, il décrit la réalité d’être une femme au Japon et un autochtone au Chili par exemple. C’est en élargissant les horizons que l’auteur attire des publics de partout. Et espère agrandir son marché.

« C’est incroyable, tous les lecteurs voient quelque chose dans ce que je raconte et en font leur histoire. Certains me voient comme une agence de voyages. J’ai autant de questions techniques sur le vélo ou le voyage que le désir de réaliser ses rêves. Tous veulent voyager et se rendent compte que c’est plus facile qu’ils le pensent. Je parle de comment se voir comme personne et ne pas se poser d’étiquette. Je ne suis pas seulement “le gars qui voyage à vélo”, je suis plus que ça. »

Jonathan B. Roy est le cycliste qui en vit. Dont c’est la vie.

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2023-05-27T07:00:00.0000000Z

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