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METTRE LE MONDE EN IMAGES

MATHIEU PROVOST N’A DE LIMITES QUE LES FRONTIÈRES QU’IL FRANCHIT POUR CAPTER LES IMAGES QU’IL A EN TÊTE. Pour lui, le monde est un vaste plateau de tournage.

par Mario Boulianne / Le Droit

Ce globe-trotter de l’image a lancé Les Productions Bel Canto comme il a toujours mené sa vie : en suivant son instinct. Et cela l’a conduit à braquer l’objectif de sa caméra à plusieurs endroits dans le monde. Il a mis en images le Vietnam, Cuba, Haïti, la Turquie, l’Italie, le Costa Rica, la France, le Mexique et la République dominicaine, pour ne nommer que ces pays.

Le parcours de ce Gatinois passionné n’a rien de typique. Il n’a jamais rien fait sans y être poussé par une irrésistible envie de créer.

Il a touché à presque tout. De la culture maraîchère à l’aviation en passant par la musique et aujourd’hui, le cinéma.

La musique a pris beaucoup de place dans sa vie. Pendant longtemps, il a oeuvré dans la production de musique à l’image. Son travail consistait essentiellement à poser différentes musiques sur des images tournées par d’autres.

« J’ai toujours cru que la musique et les images ne faisaient qu’un, ditil. Un jour, sur les mêmes images, j’y ai mis différentes musiques, dont une chanson de Metallica, une pièce classique et une musique folk. C’est là que j’ai constaté à quel point, en utilisant différentes musiques sur les mêmes images, on pouvait vivre des émotions diverses. »

L’inspiration torontoise

Lui qui voyait dans la musique son unique passion, ne savait pas encore que l’image allait bientôt prendre toute la place.

Le déclic — sans jeu de mots — c’est produit lors d’une journée de printemps où il avait un « peu de temps à tuer ». Mathieu Provost décide alors d’entrer dans une boutique d’appareil vidéo de Toronto, par curiosité et peut-être même un peu plus…

«J’avais le goût de faire des images, je l’avais en moi, mais sans trop le savoir, confie-t-il. C’est à Toronto, lorsque je me promenais dans la rue Yonge, que j’ai vu cette boutique d’équipement d’audiovisuel. J’y suis entré, comme un enfant dans un magasin de bonbons. Je n’y connaissais absolument rien alors, j’ai demandé au commis quel sera le bon kit de départ pour faire de la vidéo. Et c’est là, dans cette boutique où j’ai rempli ma carte de crédit au bouchon, que tout a commencé pour moi. »

— MATHIEU PROVOST

Dès son retour à l’hôtel, cette journée-là, le cinéaste en devenir a ouvert toutes les boîtes et les a posées sur le lit. Il a par la suite ouvert son ordinateur portable pour fouiller sur le web afin de trouver quelques démos pouvant l’aider à se lancer.

« Après quelques heures à m’informer sur le net et à regarder toutes sortes de tutoriels, je suis sorti de l’hôtel avec ma caméra. J’ai commencé à faire des images, de tout et de rien. Des gens qui lisent sur un banc de parc. Des oiseaux qui s’envolent. Bref, j’ai tout de suite ressenti cette passion pour l’image. »

Mais, la musique n’est jamais bien loin. Elle est toujours très présente dans son travail, autant pour le rythme des images que pour leur poésie.

« Je comprends les images grâce à ma connaissance de la musique, expliquet-il. Quand je tourne, j’entends déjà la trame musicale qui accompagnera les images que je suis en train d’enregistrer. Et c’est sans doute ce qui a forgé ma facture visuelle, mon style de direction photo, finalement. »

Poète de l’image

Autodidacte, il a quand même voulu augmenter ses compétences en s’alimentant auprès de professionnels par l’entremise de classes de maîtres ou en suivant des formations intensives comme celle qu’il a reçue à l’Institut national de l’image et du son.

« J’avais besoin de meilleures connaissances techniques, de pouvoir avoir le même vocabulaire que les pros de l’image, explique-t-il. J’ai donc suivi un cours intensif de trois mois en étude de la lumière et direction de la photographie. Ce fut d’ailleurs une excellente décision. »

Le patron de Bel Canto ne se considère pas vraiment comme un réalisateur, mais plutôt comme un directeur photo.

« Le directeur photo est un artiste de la lumière, un magicien des ombres, un sculpteur de couleurs, image-t-il. Je capture des moments éphémères et je les transforme en images qui, je l’espère, enflamment les coeurs des gens qui les regardent. »

Quand il parle de son métier, ses yeux s’illuminent.

Il dit retrouver beaucoup de liberté quand il tourne, que se soit ici ou ailleurs dans le monde.

« Je m’efforce de dompter les rayons du soleil et de jouer avec les reflets ainsi que les contrastes, ajoute-t-il. Chaque fois que je prends ma caméra, je tente de créer des ambiances et des émotions. »

Ce poète de l’image est aussi un conteur d’histoires qui s’efforce de sculpter la réalité pour toucher son public… ou son client.

« Dans chaque film que je tourne ou chaque photo que je prends, je veux créer de la beauté. C’est ma seule ambition ».

La marque de commerce

Au fil des années, les projets se sont accumulés à un rythme accéléré.

« Je ne peux pas vraiment mettre le doigt sur le moment où mon art a pris le dessus sur mon esprit d’entrepreneur, croit-il. Je crois avoir toujours eu cette fibre entrepreneuriale tout en développant ma créativité artistique. Avec Bel Canto, ces deux facettes de ma personnalité sont mises à profit autant pour la prospérité de mon entreprise que pour les projets qui me sont proposés. »

Concernant tous ces projets, Mathieu Provost avoue d’emblée les choisir comme des coups de coeur. Il se lance bien souvent sans trop savoir où cela le mènera, mais il sait fort bien que ses choix sont basés presque à tout coup sur l’émotion qu’ils provoquent en lui. Pour celui qui, aujourd’hui, décline son offre artistique sous différents formats, il ne se « ferme aucune porte », dira-t-il.

Il touchera à la direction photo de séries télé, de cinéma indépendant, de courts métrages, de publicités et de documentaires.

L’avenir

Quant aux ambitions d’expansion de son entreprise, elles sont plutôt limitées. Celui qui a reçu le titre du Nouvel Exportateur de l’année remis par Export Outaouais et celui de Micro entrepreneur de l’année à la Chambre de commerce de Gatineau vit très bien avec son modèle d’affaires.

« Avoir une grande entreprise avec 50 employés, ça n’a jamais été mon but, avoue-t-il. Je ne pourrais pas vivre avec le stress d’offrir du boulot à des gens, à des familles. J’aime mieux avoir cette liberté de choix dans les projets sans pour autant penser à ce que cela pourra m’apporter comme revenu. Si c’est nécessaire, je n’hésite pas à m’adjoindre des professionnels à la pige. D’ailleurs, je travaille presque toujours avec les mêmes personnes et ça me va très bien comme ça. »

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2023-05-27T07:00:00.0000000Z

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