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UN VIRUS CRÉÉ AU CÉGEP

YVES BERGERAS ybergeras@ledroit.com

Le Lab, un jeu de société créé par un enseignant du Cégep de l’Outaouais, spécialiste des virus, devrait faire son apparition dans les boutiques ludiques d’ici le printemps 2024.

Le grand public aura toutefois l’occasion d’en réserver un exemplaire dès la semaine prochaine, alors que l’éditeur montréalais Flyos lancera lundi 29 mai une « campagne de financement participatif » autour du jeu, sur la plateforme Gamefound.

Ce jeu ayant pour thème la chasse aux virus a été créé par Patrick Fillion, qui enseigne la biologie et la microbiologie au niveau collégial depuis plus de 20 ans. Il explique l’avoir d’abord conçu à l’attention de ses étudiants, afin de rendre leurs révisions plus ludiques.

« Je joue tout le temps avec mes étudiants en microbiologie et en immunologie, en fin de session, et ils ne s’en rendent pas vraiment compte, mais ils révisent en même temps. Parce que ce sont des vraies composantes du système immunitaire » dont il est question dans ce Lab.

L’idée de développer un tel jeu a germé à l’automne 2020 — avant la pandémie. Il s’appelait à l’époque Infection.

Cet outil ludique fut doublement pédagogique, car le jeu a d’une part servi plusieurs fois en classe, pour animer la fin de session, mais son look a lui aussi fait l’objet d’un projet scolaire, grâce à la collaboration d’une collègue enseignante en design graphique, Valérie Yobé, qui en a fait un projet scolaire parallèle. Le visuel a d’abord été conçu par une étudiante, Adèle Bluteau, dans le cadre de ses cours en design graphique. C’est aussi grâce aux imprimantes en 3D du programme de design graphique qu’ont pu être fabriqués les prototypes dont se sont servis les étudiants, souligne Patrick Fillion.

Ce premier design n’a toutefois pas été conservé par Flyos, qui a confié à un illustrateur professionnel — le Norvégien Allan Grønseth Ohr, détaille M. Fillion. — le soin de revoir toute l’identité visuelle du jeu, qui contient quelques centaines de cartes.

L’éditeur a aussi préféré renommer le jeu, en même temps qu’il retravaillait un peu certaines mécaniques du jeu et rééquilibrait quelques-uns de ses éléments, façon de l’adapter aux normes et exigences du marché ludique.

Flyos a notamment veillé à atténuer certains éléments scientifiques pointus que contenaient les cartes, afin de les rendre « plus lisibles et plus grand public », partage Patrick Fillion.

CONTRER LES INFECTIONS

Ce jeu qui consiste à arrêter des micro-organismes pour prévenir des infections, l’éditeur lui a apporté quelques « petits ajustements pour le rendre plus dynamique. Par exemple, quelqu’un qui “décède” [n’est pas complètement] éliminé : il continue à participer, en prenant cette fois le contrôle des cartes infections », et peut ainsi continuer à donner du fil à retordre à ses adversaires.

Flyos a aussi procédé à des changements stratégiques, pour compenser par une réflexion tactique l’aspect purement aléatoire des cartes infections qu’il faut piger.

Mais, pour l’essentiel, Infection a conservé son intégrité, estime le concepteur, qui croise les doigts pour que Le Lab connaisse un succès viral...

La valeur ajoutée « le rend encore plus intéressant. Ça va amener le jeu à un autre niveau. J’ai vraiment hâte que ça sorte. » Et son côté « grand public » n’empêchera aucunement le prof de microbiologie à continuer à l’utiliser en classe, en lui ajoutant les composantes scientifiques dont il s’est départi en cours de route.

Le Lab a des liens de parenté avec le jeu des Sept familles, puisqu’il est composé de sept types de cartes infections.

Au sein de ces familles se cachent des micro-organismes plus ou moins virulents, comme la gonorrhée (dotée d’un niveau de virulence de 3) ou la variole du singe), rendus moins dégoutants grâce aux sympathiques illustrations.

« Pour contrer ces infections, il y a des cartes Système immunitaire, des Vaccins et des Médicaments. Y parvenir fait avancer le compteur de points de Guérison. » Échouer risque de provoquer des Complications... qui vont à leurs tours accélérer la jauge d’infection, détaille le concepteur du Lab.

Les joueurs doivent donc surveiller, sur leur plateau personnel, ces trois jauges, à mesure qu’apparaissent les « menaces » virales et que la pression se fait croissante.

Le Lab « contient près de 300 cartes, dont 180 cartes “infection” et “maladies”... Il n’y en a pas deux pareilles, de ces carteslà. Et il y a de la “place” pour en ajouter plein d’autres... » poursuit le créateur du jeu, en évoquant d’éventuels bonus exclusifs, ces fameux stretchs goals qu’on peut débloquer en cours de campagne (et qui, avec les éléments « deluxe », sont le nerf de la guerre du sociofinancement).

NUL BESOIN DE DIPLÔMES

Le jeu n’est sans doute pas destiné aux hypocondriaques, comme le rappelle son slogan facétieux.

Certes, il ne faudrait pas, dans un devoir de microbio », mettre dans le même panier infections bactériennes et fongiques, méprendre un protozoaire pour une bactérie, ou confondre virus respiratoire, virus herpétiques ou orthopoxvirus.

En revanche, le concepteur insiste sur le fait que Le Lab demeure un jeu très familial, pour lequel aucune connaissance scientifique n’est nécessaire, même s’il faut soigner un joueur de la tuberculose, ou lui souhaiter d’attraper la (carte) chlamydia.

« D’ailleurs, sur les dizaines et les dizaines de parties que j’ai faites, j’en ai gagné seulement deux. Un enfant de 9 ans a réussi à me battre, une fois », pouffe-til. Et en définitive, « je n’ai gagné qu’une seule fois contre mes étudiants. » Preuve à ses yeux que « le fait d’avoir des connaissances ne te donne pas un avantage sur la partie... »

LE MAG.

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2023-05-27T07:00:00.0000000Z

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