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«QUE LE MOT RÉCONCILIATION NE SOIT PAS JUSTE UN MOT»

La mission des fondatrices de Mini Tipi

PIERRE THÉROUX Collaboration spéciale p.theroux@videotron.ca En collaboration avec l’École d’Entrepreneurship de Beauce

Mini Tipi, c’est d’abord et avant tout l’histoire d’une rencontre. Une rencontre entre Mélanie Bernard et Trisha Pitura, entre une francophone et une anglophone, entre une allochtone de Gatineau et une autochtone originaire de la Première Nation de Nippissing, dont l’amitié s’est aussi transformée en une profonde volonté de rapprocher les communautés.

«On est toutes les deux embarquées dans ce voyage de changement et de sensibilisation. On travaille chaque jour pour changer les mentalités afin que la culture autochtone puisse faire partie intégrante de la culture canadienne. Pour que le mot réconciliation ne soit pas juste un mot, mais surtout une réalité», disent en choeur les deux fondatrices de cette entreprise, spécialisée dans la conception et la vente de vêtements pour femmes et enfants et d’accessoires ornés de motifs autochtones, située à Gatineau, en territoire non cédé des Algonquins.

UN DUO DE CHOC

Trisha et Mélanie se sont rencontrées dans un cours de piscine maman-bébé. La première, qui s’adonnait à la couture comme passe-temps, confectionnait des petits gants de toilette et des couvertures pour bébés, et la seconde découvrait alors ses créations pratico-pratiques mais de grande qualité.

Elles décident en 2016 de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale, sans aucune formation ou expérience en affaires.

«Toutes nos compétences ont été apprises en faisant des essais et erreurs», souligne Trisha Pitura, sourire en coin, en ajoutant avoir toutes les deux des forces complémentaires. Mini Tipi peut ainsi compter sur la créativité et l’oeil averti de Trisha pour choisir les motifs, de même que sur le flair de Mélanie en matière de branding et son focus sur la mission de l’entreprise, disent-elles l’une de l’autre.

Les débuts ont été modestes. «On a créé une page Facebook et on a vu qu’il y avait un potentiel intéressant», précise Mélanie Bernard en faisant allusion à la théorie des petits pas.

D’autant que le financement de Mini Tipi reposait alors seulement sur les économies des deux entrepreneures et sur les revenus générés par les ventes. «On achetait des tissus pour concevoir des vêtements qu’on vendait dans des marchés et en ligne, puis on recommençait», indique-t-elle.

DE ETSY À SHOPIFY À SIMONS

L’entreprise a pris son envol deux ans plus tard, quand les dirigeantes ont délaissé les produits et accessoires pour bébés afin de miser davantage sur les vêtements et couvertures pour femmes et enfants. Elles s’inscrivent alors sur les plateformes de vente en ligne Etsy, puis Shopify, et profitent des réseaux sociaux pour créer une communauté d’adeptes.

Mélanie Bernard souligne avoir fait beaucoup de démarchage en allant cogner aux portes de nombreuses boutiques. La possibilité de vendre les créations de Mini Tipi chez le détaillant Simons, par l’entremise de sa Fabrique 1840 qui vend les produits et idées-cadeaux de dizaines de créateurs et designers canadiens, leur a donné un bon coup de pouce.

«Ç’a été comme un sceau de reconnaissance», souligne Mélanie Bernard. La petite PME, dont 70 % des ventes sont effectuées en ligne, offre aussi ses produits dans une cinquantaine de boutiques d’un océan à l’autre.

L’engouement est tel que Mini Tipi peine alors à suffire à la demande. Ce qui l’a amenée à implanter une petite manufacture dans un emplacement en location devenu rapidement trop petit. Heureusement, le local adjacent était disponible et l’entreprise s’est empressée de le louer également. Elle a pu s’y installer après avoir réussi, pour la première fois, à obtenir le financement nécessaire au développement de ses activités, qui lui a été octroyé par la Société de crédit commercial autochtone (SOCCA).

CÉLÉBRER LA CULTURE AUTOCHTONE

Mini Tipi, qui emploie une dizaine de personnes, conçoit principalement des couvertures, des châles, des ponchos et des sacs. Elle s’affaire présentement à développer une nouvelle gamme de produits qui viendrait compléter sa gamme actuelle. «Ce sont des produits qui nous ont été demandés par des clients», indique Mme Bernard qui ne peut en dévoiler davantage. L’entreprise s’affaire également à répondre à d’autres demandes, soit le développement de produits corporatifs.

Mini Tipi fait aussi appel à quelques artistes autochtones contemporains pour la création de motifs. Un de ces motifs est l’oiseau-tonnerre, un symbole spirituel qui représente le pouvoir, la protection, la force et la survie.

«Chaque motif raconte une histoire. Et c’est cette histoire que nous souhaitons partager», précise Trisha Pitura, qui y voit du même coup une occasion de sortir l’art autochtone des musées pour en célébrer la beauté et la culture à plus grande échelle. La rencontre amicale et professionnelle entre deux mères aura certes contribué à cette histoire qui porte aussi le signe de la réconciliation.

Trisha Pitura et Mélanie Bernard, copropriétaires de Mini Tipi — PHOTO LE DROIT, SIMON SÉGUIN-BERTRAND

AFFAIRES

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2023-05-27T07:00:00.0000000Z

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