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La députée de Hull a-t-elle voté «selon ses convictions»?

DANIEL LEBLANC dleblanc@ledroit.com

Le Parti québécois a soulevé des interrogations sur les positions et les convictions de la députée de Hull, Suzanne Tremblay.

Ces doutes émanent d’une motion au sujet du salaire des enseignants québécois en comparaison à celui de leurs homologues ontariens présentée mercredi puis rejetée par la Coalition avenir Québec au terme de la période de questions à l’Assemblée nationale.

En plein coeur des négociations dans le secteur public, après que son chef Paul St-Pierre Plamondon en ait brièvement débattu avec le premier ministre François Legault, le député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, souhaitait que le Salon bleu adopte une motion stipulant que «l’Assemblée nationale affirme que les enseignantes et enseignants du Québec méritent une rémunération égale aux enseignantes et enseignants ontariens».

«PAS DE LIBERTÉ DE VOTE À LA CAQ»

Compte tenu de ses convictions et de son passé à titre de présidente du Syndicat de l’enseignement de l’Outaouais, le troisième groupe d’opposition se dit surpris que Mme Tremblay ne soit pas allée à contre-courant en accordant son appui symbolique à cette motion.

Sans pour autant vouloir la blâmer personnellement, le député Bérubé est d’avis qu’à moins qu’elle n’ait complètement changé d’opinion sur le sujet en l’espace de quelques années à peine, on était en droit de s’attendre à ce que l’élue manifeste ses convictions.

«C’est une démonstration qu’il n’y a pas de liberté de vote à la CAQ. Selon toute logique, on se serait attendu à ce qu’elle vote de notre façon. De nombreux enseignants ont beaucoup d’attentes sur le rôle qu’elle peut jouer pour défendre la profession enseignante, en Outaouais comme ailleurs au Québec. Ça aurait été une belle occasion de manifester des convictions très fortes, que je partage, qu’elle faisait d’ailleurs bien de défendre juste avant d’être députée. Ça montre la nécessité de voter en son âme et conscience, c’est un bel exemple. La CAQ aurait dû la laisser s’exprimer en faveur de la motion. C’est exactement le genre d’attente qu’on a à l’égard de quelqu’un qui a défendu cela», lance-t-il.

ST-PIERRE PLAMONDON INTERPELLE LEGAULT

Au Salon bleu, le thème du salaire des enseignants par rapport à celui de leurs voisins ontariens a d’abord été mis sur la table par le chef du PQ Paul St-Pierre Plamondon plus tôt en journée.

«Ma question aujourd’hui va être très simple et très courte. Le premier ministre aime se comparer à l’Ontario. Il veut un rattrapage avec l’Ontario dans tous les domaines. Est-ce qu’il considère que les enseignants québécois méritent de gagner moins que les enseignants ontariens, oui ou non?», a d’abord lancé le principal intéressé, interpellant M. Legault.

Son vis-à-vis n’a pas tardé à lui répondre, évitant toutefois de se prononcer directement sur la notion du mérite, indiquant que «quand on compare les salaires des enseignants puis des professionnels au Québec avec ceux de l’Ontario, il y a un écart d’à peu près 10 % pour tous les professionnels».

«On a fait un rattrapage de 15% à 18% (en 2021). Cet écart est maintenu. Donc, je pense qu’il faut quand même tenir compte du fait qu’il y a un écart de coût de la vie puis qu’il y a effectivement un rapport, là, qui est raisonnable dans le dossier des enseignants. Par contre, on est en train de voir comment on peut alléger leur tâche, entre autres en ajoutant des aides dans les classes. Donc, je pense que ce que demandent les enseignants aussi, c’est d’alléger la tâche», s’est exclamé M. Legault.

«SE RENSEIGNER UN PETIT PEU»

Le leader péquiste a alors répété sa question mot pour mot en affirmant que lorsque le gouvernement a choisi de hausser la rémunération des médecins spécialistes, par exemple, il l’a fait en fonction des conditions octroyées en Ontario.

«Ce qu’on a fait avec les médecins spécialistes, c’est de garder cet écart d’environ 10% entre le Québec et l’Ontario. Donc, c’est vrai pour les enseignants, c’est vrai pour les médecins spécialistes, c’est vrai pour à peu près toutes les professions. Donc, je demande au chef du Parti québécois de se renseigner un petit peu», a clamé M. Legault.

Pour relancer le premier ministre une dernière fois, c’est à ce moment que M. St-Pierre Plamondon a cru bon de citer la députée de Hull et adjointe gouvernementale au ministre de l’Éducation en rappelant que dans ses anciennes fonctions professionnelles, elle a entre autres affirmé dans les médias «qu’au Québec, il faudrait, à tout le moins, se rapprocher de la moyenne canadienne, qui est autour de 84 000$. On est loin de cette moyenne-là».

«Oui, il y a un écart de 9%. Maintenant, j’ai été très surpris aujourd’hui d’entendre le député de Matane, du Parti québécois, dire qu’on devrait comparer le salaire des députés de la nation québécoise avec ceux de l’Ontario. On peut comparer des économies, mais de dire... Puis il ne veut pas se comparer avec le fédéral. Depuis quand le PQ dit que, dans le fond, c’est plus important le poste de député à Ottawa que celui à Québec? Je ne reconnais plus le Parti québécois», a alors lancé M. Legault.

Dans le passé, Suzanne Tremblay a aussi évoqué la moyenne canadienne salariale des enseignants dans Le Droit, par exemple en décembre 2020, alors qu’elle avait affirmé «qu’il ne faut pas oublier que les enseignants québécois sont les moins bien payés au Canada, alors ce qu’ils demandent, c’est d’atteindre la moyenne canadienne. Il faut valoriser cette profession-là, et ça passe aussi par de meilleures conditions salariales». Deux mois plus tôt, en marge des dernières négociations, elle avait indiqué «(qu’on) veut de meilleures conditions de travail, et ça passera par le respect de (notre) expertise, la reconnaissance de (notre) autonomie professionnelle et un salaire qui s’approche de la moyenne canadienne».

UN ÉCART QUI DIFFÈRE SELON LES ÉCHELONS

Dans la dernière convention collective, échue depuis le 31 mars, précisons que le salaire des enseignants au dernier échelon est passé de 80 000$ à 92 000$, tandis que celui à l’entrée en poste (pour un qualifié) s’établit désormais à 53 000$, une hausse de 8%.

Malgré ce rehaussement, la moyenne canadienne n’est pas atteinte en province, selon des données publiées par la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) en mars dernier.

La moyenne nationale en début de carrière se chiffrerait à 58 400$, alors qu’elle s’établit à 95 000$ au sommet de l’échelle.

En Ontario, le dernier échelon est 101 000$.

La FAE soulignait aussi que l’écart avec la moyenne est particulièrement grand pour les enseignants comptant entre cinq et dix ans d’expérience. Par exemple, à l’échelon 8, le salaire québécois est de 63 000$ tandis que la moyenne au Canada s’établit à 76 000$.

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