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Une corde sensible comme stratégie

MATHIEU BÉLANGER mabelanger@ledroit.com

La mairesse de Gatineau, France Bélisle, est d’avis que la fierté de faire une différence pour sa communauté et l’amour qu’ont les citoyens pour leur ville est une corde suffisamment sensible au sein de la population pour en faire un aspect important de sa stratégie de recrutement de la main-d’oeuvre de la Ville pour les prochaines années.

Devant un parterre de gens d’affaires réunis par la Chambre de commerce de Gatineau (CCG), vendredi dernier, Mme Bélisle a cité les résultats d’un récent sondage CROP réalisé pour l’Union des municipalités du Québec (UMQ) qui positionne les villes comme des employeurs attrayants, capables de tirer leur épingle du jeu dans un marché de l’emploi de plus en plus compétitif.

Le sondage révèle que 69% des répondants seraient prêts à considérer leur municipalité comme employeur potentiel. Un peu plus du tiers des 2400 répondants sondés dans la province se disent attiré d’abord par les conditions de travail.

La mairesse de Gatineau a attiré l’attention sur une autre raison, plus émotive, qui d’après le sondage fait des villes des employeurs à considérer. «La solidarité, de faire une différence pour sa communauté, la proximité avec la maison, la valorisation, j’aime ma ville, je veux redonner, a-t-elle énuméré. Ce sont des éléments qui touchent une corde sensible et sur laquelle nous allons orienter nos prochaines stratégies de recrutement. […] Que les gens accordent de la valeur à travailler pour leurs voisins, leur communauté, c’est extrêmement positif.»

La Ville de Gatineau continue de travailler sur une «marque employeur» qu’elle prévoit déployer progressivement dans les prochains mois. «On est làdedans présentement», a précisé la nouvelle directrice des communications de la Ville, Marie-Hélène Rivard, flanqué du directeur général, Simon Rousseau. Une offensive «Gatineau pour la vie» est actuellement en cours à Montréal, où la Ville se présente comme un milieu de vie attrayant. Un volet employeur à cette offensive est aussi prévu prochainement. Localement, la campagne devrait avoir plusieurs déclinaisons. «On pourrait avoir une campagne spécifique pour attirer des cols bleus», a offert comme exemple Mme Rivard.

Comme partout ailleurs dans le monde municipal, Gatineau peine à recruter l’ensemble des travailleurs dont elle a besoin. Pas plus tard qu’en novembre dernier, lors de l’étude du budget 2023, le directeur général pointait du doigt la pénurie de main-d’oeuvre pour expliquer la difficulté de son administration à livrer l’ensemble des projets d’infrastructure inscrits au calendrier de planification. Selon lui, les villes ont trop longtemps «surfé» sur le fait qu’elles offraient des conditions attrayantes pour les travailleurs. Longtemps elles n’ont pas cru que la pénurie les atteindrait.

«Là, on voudrait bien embaucher des ingénieurs, mais il n’y en a pas sur le marché, affirmait-il aux élus en novembre. Parfois, il n’y a aucun soumissionnaire pour nos projets. C’est une situation qui me préoccupe et qui préoccupe toute l’équipe. Je ne veux pas être alarmiste, mais c’est un enjeu assez important.»

DIVERSITÉ

Une étude commandée par la CCG l’an passé estimait qu’il y aura un retraité pour deux personnes actives à Gatineau, en 2030. Ce ratio était d’un pour cinq en 2003. Déjà en 2019, un an avant la pandémie, 93% des entreprises interrogées par la Ville de Gatineau affirmaient avoir de la difficulté à recruter des travailleurs. Il y a toujours plus de 7000 emplois disponibles dans la région.

«On le constate assez facilement, la fonction publique gatinoise n’est pas assez représentative de la population qu’elle dessert à l’heure actuelle, a rappelé la mairesse Bélisle, vendredi passé. Il faut faire un grand pas en avant pour répondre au modèle d’équité, de diversité et d’inclusion.»

De fait, la population de Gatineau est formée à 15% d’immigrants, alors que ces derniers ne forment que 3% de la fonction publique. D’après les dernières données disponibles, des 3836 employés de la Ville de Gatineau, seulement 18 sont handicapés, 47 sont autochtones, 120 sont issues d’une minorité visible et 40 d’une minorité ethnique. Les femmes forment 41% de la fonction publique gatinoise.

Un plan de 400 000$ sur trois ans a été voté par le conseil municipal l’automne dernier pour remédier à ce manque de diversité. Une somme de 150 000$ sera dépensée dès cette année pour intensifier les efforts d’embauche dans les segments de la population sous-représentés dans la fonction publique gatinoise. Des formations sur les pratiques et comportements inclusifs, sur la limitation des biais, et la gestion des situations discriminatoires seront aussi offertes aux employés de la Ville, a noté la mairesse.

Après un moratoire sur la création de nouveaux postes en vigueur de 2013 à 2019, et un premier plan timide de recrutement d’effectifs, la Ville de Gatineau a adopté, l’automne dernier, un plan triennal d’effectifs de 6 millions de dollars sur trois ans. Ce plan permet des réorganisations de services et des embauches de ressources humaines d’une valeur de 2 millions par année jusqu’en 2024.

À LA RECHERCHE DE POMPIÈRES

Gatineau n’a pas besoin que de fonctionnaires et de cols bleus, mais aussi de pompiers. Environ 10 millions de dollars devront être dépensés d’ici 2028 pour embaucher de pompiers. L’ouverture d’une nouvelle caserne dans l’ouest de la ville et les besoins immédiats en raison de la croissance de la population forcent le Service de sécurité incendie de la Ville de Gatineau à intensifier ses efforts de recrutement.

Actuellement, les femmes ne représentent que 2% de tout l’effectif du service de sécurité incendie. Afin de susciter l’intérêt des jeunes filles pour le métier de pompière, la Ville organise une journée d’initiation à l’intention des jeunes femmes de 14 à 24 ans ce dimanche à la caserne Cadieux-Laflamme, au 850, avenue de Buckingham. L’initiative, une première à Gatineau, intitulée «Les filles ont le feu sacré» est organisée en partenariat avec l’Institut de protection contre les incendies du Québec et le Collège Montmorency de Laval.

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2023-05-27T07:00:00.0000000Z

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