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TRUDY REVIENT AU COUNTRY

JUSTINE MERCIER jmercier@ledroit.com

Il y en a 11. Neuf hommes et deux femmes qui demeuraient en Outaouais, dont le décès relevait du Bureau du coroner. Ils partagent un triste sort. Leurs corps n’ont jamais été réclamés.

Pour l’ensemble du Québec, la liste est longue. Le site Internet du Bureau du coroner contient 303 noms de personnes dont les corps n’ont jamais été réclamés. Le plus vieux cas remonte à l’été 2014.

Pour les 11 cas provenant de l’Outaouais, les dates d’avis au coroner vont du mois d’août 2015 au mois d’avril 2022. Les défunts étaient âgés entre 55 et 87 ans. Huit d’entre eux demeuraient à Gatineau. Les autres habitaient à Boileau, Messines et Val-des-Monts.

INHUMATION

Le Bureau du coroner précise que «de manière générale, les dépouilles qui sont temporairement sous la responsabilité du coroner sont remises à leur famille dans les heures ou les jours suivant le décès». Dans les cas où aucun proche ne se manifeste, le coroner tente de trouver, avec la collaboration des autorités policières, des membres de la famille. «Si cette recherche s’avère infructueuse, le corps est considéré comme étant non réclamé, précise-t-on. Il est alors inhumé dans un endroit dont le Bureau du coroner conserve la trace pour l’éventualité où le corps serait réclamé dans le futur.»

Parmi la liste de 303 personnes dont le corps n’a pas été réclamé affichée sur le site du Bureau du coroner, huit n’avaient pas d’adresse connue et six étaient sans domicile fixe.

Le Bureau du coroner précise que les noms des personnes décédées dont le corps n’a pas été réclamé restent affichés sur son site Internet «tant que personne ne se manifeste». En vertu de la loi, le Bureau du coroner «peut disposer d’un corps 30 jours après sa découverte». Le Bureau laisse cependant un plus grand délai «pour accommoder les familles, faire des recherches de proches, etc.». Lorsque l’inhumation devient nécessaire, elle est effectuée dans un cimetière avec lequel le Bureau du coroner a conclu une entente contractuelle.

Ces statistiques du Bureau du coroner ne concernent que les décès qui relèvent de sa responsabilité. C’est notamment le cas pour les décès survenus dans des circonstances violentes (accident, noyade, suicide, meurtre) ou obscures, lorsque la cause du décès n’est pas connue ou lorsque l’identité du défunt est inconnue.

UN AUTRE REGISTRE NON PUBLIC, MAIS PLUS VOLUMINEUX

Si un décès ne nécessite pas l’intervention d’un coroner, le corps se retrouve sous la responsabilité du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). Si un décès survient dans un établissement du réseau public de la santé et que le personnel n’est pas en mesure de retrouver un proche, les autorités policières sont contactées pour effectuer une recherche de famille.

Le corps est considéré comme étant non réclamé quand aucun proche n’est retrouvé, quand un proche déclare par écrit qu’il n’a pas l’intention de le réclamer ou quand un délai de 72 heures s’est écoulé après l’avis aux proches. Les conjoints, les enfants, les parents et la fratrie sont autorisés à réclamer un corps sous la responsabilité du réseau de la santé.

Le MSSS doit tenir un registre des corps non réclamés. «Cependant, ce registre n’est pas accessible au public, précise le MSSS. Son usage est principalement administratif.»

Pour les cinq dernières années (2018 à 2022), il y a un total de 1681 corps non réclamés dans les établissements de santé de la

province. Du lot, il y en a 57 en Outaouais.

Le MSSS peut autoriser le don d’un corps non réclamé à un établissement d’enseignement «à des fins de recherche ou d’étude», «remettre le cadavre à une tierce personne qui en fait la demande et qui s’engage à le faire inhumer ou incinérer à ses frais» ou encore le remettre à une entreprise funéraire pour en «assurer la disposition».

Entre 2018 et 2022, les établissements d’enseignement ont obtenu 17 corps non réclamés. Il n’y a que les quatre facultés de médecine de la province et le Collège de Rosemont qui acceptent les corps. Dans chaque cas, le mode et le lieu de disposition du cadavre doivent être inscrits dans un registre.

Le gouvernement du Québec peut se retrouver à payer la facture de l’inhumation si les biens laissés à la succession ne permettent pas de couvrir les frais et si la personne décédée n’avait pas de préarrangements funéraires.

En vertu d’un règlement de la Loi sur les activités funéraires, toutes les entreprises funéraires qui prennent en charge des corps non réclamés reçoivent le même montant, qui est fixé à 690$. Les établissements responsables d’une dépouille non réclamée peuvent communiquer avec l’entreprise funéraire de leur choix.

LE MAG.

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2023-05-27T07:00:00.0000000Z

2023-05-27T07:00:00.0000000Z

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