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C’EST LE TEMPS DES SUCRES... BRASSICOLES!

JEAN-FRANÇOIS DUGAS jfdugas@ledroit.com

Qui dit printemps, dit cabane à sucre. Et qui dit cabane à sucre dit sirop d’érable… même dans le monde de la microbrasserie. Officiellement, le Canada n’a pas un style de bière bien à lui. Le Royaume-Uni est reconnu pour ses ales et ses porters. En Belgique, les levures de l’endroit donnent un caractère spécial à leurs bières d’inspiration monastique comme les trappistes ou celles des abbayes. En Allemagne, on parle de pilseners ou de kölsch, d’altbier ou encore de schwarzbier par exemple.

Évidemment, ces pays possèdent quelques années d’expérience de plus qu’ici en matière de brassage de la bière.

Néanmoins, il y a une douzaine d’années, le biérologue bien connu de la région Mario d’Eer, un pionnier dans l’industrie de la bière artisanale au Québec, a eu l’idée de créer un style québécois de toutes pièces.

Un regroupement de brasseurs ont donc multiplié les efforts pour rendre ce rêve réalité.

Un cahier de charge a été développé pour l’annedd’ale, une ale nommée ainsi en l’honneur de l’annedda, ou sapin baumier en iroquois, dont les propriétés médicinales ont sauvé l’équipage de l’explorateur Jacques Cartier d’une épidémie de scorbut à l’hiver 1535-1536, nous racontent des historiens.

Plusieurs microbrasseries ont brassé leur interprétation de cette bière ayant au coeur de celle-ci le conifère, mais également la levure Jean-Talon, provenant des voûtes qui portent son nom à l’îlot des Palais à Québec.

Malheureusement, l’initiative n’a jamais vraiment levé et a été reléguée aux oubliettes.

Malgré cet échec, une autre ressource naturelle est mise de l’avant par les brasseurs canadiens depuis, surtout au Québec: le sirop d’érable.

Bien sûr, il ne s’agit pas d’un style officiel, officiel. N’empêche que plusieurs artisans du milieu se sont lancés dans la production d’une bière à l’érable, souvent sous la forme d’ale ambrée, mais aussi au sein de stouts et de scotch ales.

ÉQUINOXE DE PRINTEMPS

En tête de liste, on trouve l’Équinoxe du printemps de la brasserie Dieu du ciel! (DDC) de Montréal, qui célébrera ses 25 ans d’existence cette année. Les gars de DDC figurent parmi les pionniers en matière de bière à l’érable.

Ces derniers ont produit leur premier brassin au tournant du siècle, en 1999, à leur deuxième année en affaires.

S’ils ont décidé de la nommer ainsi, c’est qu’elle est mise en marché pour annoncer l’arrivée de cette saison, plus précisément chaque 21 mars. En fait, la bière est brassée en janvier et vieillie pendant deux mois pour atteindre l’équilibre désiré.

Cette scotch ale au sirop d’érable propose des saveurs boisées et maltées, soutenues par une touche caramélisée. Son taux d’alcool, à 9,1%, réchauffe les esprits, enrobe la bouche et rehausse les notes d’érable dans une finale sucrée et équilibrée.

Faites vite pour ramasser votre «4-pack» chez les détaillants spécialisés. Les quantités sont limitées.

Par contre, si vous voulez vivre «la totale», vous pouvez vous rendre à leur pub de Saint-Jérôme dans les Laurentides. Des versions 2015, 2020 et 2022 y seront offertes dès le 25 mars en divers formats (fût, 341ml ou cruchon de 1 litre), tout comme un menu bouffe spécial. Ça vaut le détour.

Autres suggestions

À l’instar de DDC, plusieurs microbrasseries ont conçu leur version d’une bière à l’érable au fil des ans.

En 2013, la brasserie McAuslan sortait la St-Ambroise à l’érable en collaboration avec le chef Martin Picard du restaurant Au pied de cochon de Montréal.

Mais depuis environ cinq ou six ans, la sélection s’est activée, non seulement au Québec, mais aussi en Ontario, dans d’autres provinces canadiennes et également ailleurs sur la planète.

Et soyons francs, certaines ratent la cible.

D’autres coupent les coins ronds et n’utilisent même pas du sirop d’érable (!!!), préférant se rabattre sur des arômes artificiels.

Une microbrasserie – celle-donton-ne-doit-pas-prononcer-le-nom – a particulièrement attiré la foudre des beer geeks de ce monde. Sans blague, il est strictement interdit de la nommer dans un groupe de discussion bien populaire de Facebook. Pareil comme Voldemort. Oups, je l’ai dit!

Mais je divague.

Outre DDC, la Hedleyville de la microbrasserie La Souche figure parmi mes coups de coeur. Cette scotch ale / wee heavy s’apparente à l’équinoxe du printemps en matière du taux d’alcool (9%), mais au chapitre de son allure ambrée tout aussi semblable. Au goût, le sirop d’érable, le sucre d’orge et le caramel brûlé sont bien présents.

Ce qui la diffère de plusieurs bières du même genre toutefois est son unicité. Rares sont les microbrasseries qui peuvent compter une érablière dans leur cour.

Effectivement, en 2017, La Souche s’est enracinée à Stoneham – reconnue pour ses pentes de ski – au nord de la ville de Québec. Elle devient productrice de sirop d’érable après avoir construit une sucrerie adjacente à la microbrasserie. On parle de 1000 entailles quand même!

Bref, n’est-ce pas là l’exemple parfait d’un produit du terroir, c’est-àdire d’une bière brassée en pleine forêt? À goûter!

Je mentionne au passage quelques autres bières que vous devriez trouver en magasin. L’ambrée à l’érable de l’île d’Orléans, la Champion de Ras l’bock et la Maplehurst de la microbrasserie Coaticook. Gardez l’oeil ouvert aussi pour certaines des stouts costaudes de la brasserie distillerie Beauregard.

Du côté ontarien, la LCBO offre sa part de sélections. La microbrasserie Perth, à quelque 80 km au sudouest de la ville d’Ottawa, présente sa O’Canada maple ale.

Il y a plusieurs bières du genre sur le marché. Je vous laisse les découvrir, peut-être même à Aylmer ce week-end...

SE SUCRER LE BEC

L’activité annuelle «Le Vieux-Aylmer se sucre le bec» se déroule dans la rue Principale et ses environs cette fin de semaine dans ce secteur de Gatineau.

Les dents sucrées voudront y faire escale alors que l’érable, sous toutes ses formes, sera à l’honneur.

Quarante exposants proposeront des produits sucrés, de l’artisanat et diverses activités pour petits et grands.

Bien sûr, il y aura de la bière. Beaucoup de bière à l’érable gracieuseté du menu du bistro L’Autre Oeil. Au total, les curieux auront le choix de 13 broues, dont 11 en fût. Onze!

Si vous voulez en déguster quelques-unes, c’est un excellent point de départ.

LE MAG

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2023-03-25T07:00:00.0000000Z

2023-03-25T07:00:00.0000000Z

https://ledroit.pressreader.com/article/282875145036585

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