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«IL Y A UN PEU DE TOUT DANS MA TÊTE»

CLAUDIA BLAIS-THOMPSON cbthompson@ledroit.com

L’autrice-compositrice-interprète Anne Bisson a lancé son septième album, Be My Lover, sur lequel l’artiste séduit toujours autant par son talent naturel de musicienne et sa sensibilité d’interprète.

Parfait mélange de six chansons originales et de six reprises tirées de son «héritage musical», Anne Bisson n’est certainement plus «l’animatrice qui fait de la chanson», elle qui est surtout connue des Québécois pour sa carrière devant la caméra.

Ses lettres de noblesse sont acquises depuis de nombreuses années chez nos voisins du Sud, mais aussi en Allemagne et dans les pays d’Asie où elle vend des milliers d’albums.

Blue Mind — son «vrai premier album» après un album en français en 1993 — s’est vendu à 40 000 copies, précise l’artiste. «Ça continue tout le temps, il n’arrête pas lui.»

Les Américains l’ont rapidement adopté, dit-elle, allant jusqu’à la surnommer «the next audiophile diva».

«Ce sont des gens qui portent une attention très particulière aux sons, explique Anne Bisson. Les audiophiles recherchent une qualité d’enregistrement d’abord et avant tout. Les voix de femmes sont très prisées. Une voix humaine et le piano sont deux instruments les plus difficiles à reproduire en musique.»

LES INFLUENCES MUSICALES

Celle qui a campé le rôle de Cristal dans l’opéra rock Starmania en 1986 a visiblement saisi l’importance de ne jamais dénaturer une pièce comme Killing Me Softly qui se trouve sur son précédent album.

Sur Be My Lover, elle réarrange à sa couleur les pièces Moondance de Van Morrison, Blue Bayou de Roy Orbison et Bridge Over Troubled

Water de Simon & Garfunkel. «Si tu refais Bridge Over Troubled Water tu ne peux pas chanter comme Simon & Garfunkel, pour moi ça n’a pas de sens. Il faut que ce soit artistiquement recherché. Faire une copie, ça ne m’intéresse pas. J’ai cette originalité, je pense, et il faut connaître la limite. Il ne faut jamais dénaturer une chanson. La mélodie pour moi, c’est sacré.»

Ses influences musicales des années 1970 s’entendent sur cet album smooth jazz avec le rock progressif du groupe Emerson, Lake & Palmer jusqu’au pop-rock de Vangelis.

«Jusqu’à l’université, je me suis un peu tiraillée entre le classique et tout le reste de ce que j’aimais. Ça donne ce que ça donne musicalement. Il y a un peu de tout dans ma tête.»

Et comme le plus grand des respects pour l’histoire du jazz, elle reprend Nature Boy de Nat King Cole avec son fils Samuel Jacques qui l’accompagne au piano.

«Ça nous rapproche, confie la chanteuse et musicienne. Quand on joue ensemble, c’est vraiment facile. Il me suit, il marche dans mes traces et il m’accompagne. Il joue très bien du piano. Dans les concerts de jazz, c’est des personnes plus âgées. [Sa présence] va peut-être faire dire à d’autres jeunes qu’on n’a pas besoin d’être vieux pour aimer le jazz. Ça rejoint plusieurs générations.»

Avec Be My Lover, le trio acoustique (le batteur Paul Brochu et le contrebassiste Jean-Bertrand Carbou) ne fait pas dans la tradition. L’ajout du piano électrique Fender Rhodes et de la basse électrique outrepasse les conventions et donne le son de Anne Bisson.

«C’est une continuité parce que je me rends compte que ce ne sera pas mon dernier, raconte celle qui est également productrice. Après

Keys To My Heart, j’ai senti que mon son est en train de se placer. Je suis allée un peu plus loin avec Be My

Lover. Je rêve d’avoir des cordes, mais j’ai une contrainte budgétaire. Le dernier album est toujours le meilleur parce que c’est là que je suis rendue, mais je suis particulièrement fière de celui-là.»

Malgré le plaisir d’avoir été animatrice (Vazimolo, Coup de foudre, La marmaille), Anne Bisson avoue qu’elle ne retournerait jamais à cette ancienne carrière.

«Quand tout est tombé, ça m’a dit que je ne voulais plus que les autres décident de ma vie. Ça ne m’intéresse plus. Quand on fait de la télé, il faut se battre pour rester en haut et ce n’est pas ce que je veux faire. J’ai fait le tour.»

Ce que la musicienne veut faire? «Plus de spectacles ici et ailleurs dans le monde.»

Anne Bisson sera en spectacle au Salon Audio Montréal du 24 au 26 mars, au Audio Expo North America (AXPONA) de Chicago le 14 avril. Elle fera aussi partie de la série Concerts à l’année du Festival international de Jazz de Montréal le 17 mai au Studio TD.

«Je me trouve très privilégiée de pouvoir gagner ma vie à faire de la musique que j’aime sans restriction commerciale. J’aime ce que je fais, c’est ma passion. Lentement, mais sûrement je me fais des adeptes. Tant que je serai en forme pour jouer, je vais le faire.»

«Jusqu’à l’université, je me suis un peu tiraillée entre le classique et tout le reste de ce que j’aimais. Ça donne ce que ça donne musicalement. Il y a un peu de tout » dans ma tête.

— Anne Bisson

ARTS ET SPECTACLES

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2023-03-25T07:00:00.0000000Z

2023-03-25T07:00:00.0000000Z

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