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TROP DE GAUCHERS, UN PROBLÈME?

Kleven, Chabot, Sanderson et Chychrun peuvent-ils coexister?

SYLVAIN ST-LAURENT sstlaurent@ledroit.com

Pierre Dorion y est allé d’une prédiction audacieuse, jeudi matin, après la mise sous contrat de l’espoir Tyler Kleven.

«L’automne prochain, il pourrait facilement se battre pour décrocher un poste dans la Ligue nationale de hockey.»

Voilà qui constituerait un agréable revirement.

Lorsque les Sénateurs d’Ottawa l’ont repêché, à l’automne 2020, Kleven était considéré comme un «projet à long terme». On pensait qu’il aurait besoin de passer quelques années à peaufiner son art, dans les mineures, avant d’atteindre son objectif ultime.

«Si vous m’aviez posé la question l’an dernier, je vous aurais dit qu’il avait besoin de jouer dans la Ligue américaine. Je l’ai beaucoup vu jouer, cette saison, sur vidéo ainsi qu’en personne. Il m’a fait changer d’avis», précise le directeur général.

Si jamais Dorion a raison, les Sénateurs auront un heureux problème à régler, dans quelques mois.

Kleven est gaucher.

Les Sénateurs misent déjà sur quatre défenseurs gauchers capables d’évoluer dans la Ligue nationale!

Dorion en est parfaitement conscient. Il cherche donc à minimiser l’affaire.

«Après avoir joué une centaine de matches, Erik Brännström a réussi à nous convaincre qu’il peut jouer du côté droit», dit-il.

Brännström sera heureux de l’entendre. Il cherche depuis longtemps à convaincre ses patrons qu’il peut jouer à droite.

Dorion nous rappelle que Jakob Chychrun a joué du côté droit, par moments, quand il portait les couleurs des Coyotes de l’Arizona. Au besoin il pourra jouer à droite à Ottawa.

Thomas Chabot peut jouer à droite. «Du moins, je pense. J’aimerais le voir essayer.»

«Jake Sanderson aussi peut jouer à droite. Ils peuvent tous jouer à droite! Pour moi, ce n’est vraiment pas une grosse affaire! Il ne faut pas exagérer les choses. Vous savez ce qui compte, à mes yeux? Nous ne manquons plus de défenseurs de fort calibre.»

LE HOCKEY CHANGE

Dorion a-t-il raison? Les défenseurs gauchers des Sénateurs sontils tous capables d’évoluer sur leur côté opposé?

Nous avons posé la question à deux «experts» bien placés pour évaluer la situation.

Le premier n’a pas été trop difficile à trouver. Travis Hamonic nous attendait devant son casier, quelques minutes plus tard, lorsque les journalistes ont eu accès au vestiaire.

Le Franco-Manitobain de 32 ans parle d’abord avec admiration des défenseurs qui peuvent évoluer des deux côtés de la glace.

«En tant que droitier, je n’ai jamais eu besoin de changer de côté», souligne celui qui pourrait atteindre le plateau des 800 matches en carrière d’ici la fin de la saison.

«Mais ceux qui se promènent d’un côté à l’autre nous donnent l’impression que c’est facile.»

«Il y a des pour et des contre, enchaîne-t-il. À l’attaque, sur la ligne bleue adverse, les gars aiment jouer de leur côté opposé. Quand ils s’emparent de la rondelle, ils sont toujours menaçants. Ça va même plus loin que ça. En zone neutre, ça crée des opportunités supplémentaires.»

«Ce n’est pas sorcier. Comme pour tout le reste, il faut pratiquer. Ceux qui jouent de l’autre côté finissent généralement par s’habituer.»

LE POUR, LE CONTRE

L’autre spécialiste s’y connaît vraiment. Dans son rôle d’analyste à RDS, Bruno Gervais a la chance de voir les défenseurs des Sénateurs à l’oeuvre, assez souvent.

Dans une autre vie, il était luimême défenseur, dans la LNH. «J’ai souvent joué sur mon côté opposé. J’aimais ça», assure-t-il.

Il fait référence aux premières années de sa carrière, passées dans l’organisation des Islanders de New York.

«Je formais un duo avec Mark Streit. Il était gaucher et il préférait jouer du côté droit. Je me suis adapté. Nous avons trouvé une façon de bien fonctionner.»

À l’époque où Gervais jouait dans les rangs professionnels, entre 2005 et 2017, il était une exception. À cette époque, les gauchers jouaient du côté gauche. Les droitiers restaient à droite.

Mike Babcock, un des entraîneurs les plus influents de la LNH, ne voulait pas faire autrement.

Il était très convaincant. Il disait que le hockey était devenu trop rapide. Les joueurs étaient trop doués. Les défenseurs qui se retrouvaient à contrôler la rondelle, sur leur coup du revers, étaient naturellement désavantagés.

Babcock n’avait pas tort. Seulement, selon Gervais, les athlètes se sont adaptés.

«Avant, toutes les équipes avaient deux défenseurs habiles. Les quatre autres ne voulaient rien savoir de contrôler la rondelle. Quand elle se retrouvait sur leurs bâtons, ils voulaient uniquement s’en débarrasser en l’envoyant dans la baie vitrée.»

La pression offensive est différente, peut-être un peu moins forte qu’avant. Ça favorise aussi les relances.

«Maintenant, les gars sont capables de recevoir des passes à l’arrière, sur leur revers. Ça ne pose plus de problèmes. À une autre époque, les équipes alignaient des joueurs comme Derian Hatcher et Mike Commodore. Pour eux, c’était important de garder la rondelle du bon bord. Les défenseurs des Sénateurs comme Sanderson, Chychrun et Chabot n’ont pas ce problème. On pourrait envoyer deux de ces gars sur la glace, en même temps, et ça ne poserait pas de problème.»

MAG SPORTS

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2023-03-25T07:00:00.0000000Z

2023-03-25T07:00:00.0000000Z

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