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Un budget d’équilibre pour le gouvernement ontarien

SÉBASTIEN PIERR0Z CHRONIQUE Collaboration spéciale

Le premier budget du deuxième mandat de Doug Ford ne restera pas dans les annales. Dans le contexte d’une inflation globale de 5,2 %, et la fin des restrictions dues à la pandémie, le document était pourtant très attendu. Mais le gouvernement ontarien a subtilement ménagé la chèvre et le chou.

Le contenu du pavé de 186 pages déposé ce jeudi est de loin le plus important de l’histoire de la province. Quelque 204,7 milliards de dollars sont ainsi consacrés pour l’ensemble des dépenses. Un record.

Quelque 81 millions de dollars sont même alloués directement au ministère de la Santé, contre 74,9 milliards l’an dernier.

Paradoxalement, le ministre des Finances, Peter Bethlenfalvy, entend bien équilibrer au plus vite le budget. Un déficit de 1,3 milliard de dollars pour 2023-2024 et un surplus de 200 millions pour 2024-2025 sont même envisagés, alors que le déficit atteignait 19,9 milliards de dollars, l’année dernière.

Car pour 2023, le gouvernement profite de l’augmentation de l’impôt sur le revenu des particuliers, de la hausse des transferts fédéraux, mais aussi de l’inflation, laquelle a pour conséquence de faire gonfler les caisses provinciales.

C’est même un euphémisme d’affirmer que ce cinquième budget de l’histoire du Fordisme reste teinté par l’inflation. Le terme est écrit une cinquantaine de fois dans le document.

C’est probablement là où le bât blesse aux yeux de l’opposition politique à Queen’s Park, et des experts. Si le gouvernement Ford n’a pas eu besoin de sortir la hache pour parvenir à son objectif d’austérité budgétaire, les Ontariens directement impactés par les effets de l’inflation seraient oubliés.

Le budget ne présenterait aucune nouvelle mesure capable de contrecarrer l’inflation, alors que les prix des listes d’épicerie ont augmenté d’environ 10%. M. Bethlenfalvy s’en défend, arguant la réduction de la taxe sur l’essence effective jusqu’au 31 décembre, l’élimination des frais de renouvellement des plaques d’immatriculation ou encore la hausse du salaire minimum.

Un examen attentif du budget montre pourtant que les entreprises bénéficient davantage de mesures concrètes que les «gens ordinaires». Un crédit d’impôt de 10% est ainsi alloué pour aider les fabricants locaux afin de renouveler leur machinerie, tandis que 3 milliards de dollars sont promis aux petites sociétés d’exploitation minière.

Côté francophonie enfin, ce budget 2023 ne restera pas non plus dans l’histoire. La grande attente des militants franco-ontariens, à savoir un engagement financier pour l’Université de Sudbury, n’était pas visible dans les lignes du document.

L’établissement sudburois qui jouit depuis peu d’une complète indépendance devra encore patienter pour devenir pleinement opérationnel.

Dans la lignée des années précédentes, le gouvernement s’est fait avare de mention concernant les francophones, à l’exception d’une hausse de 700 000$ du budget du ministère des Affaires francophones. Dans ces conditions, le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) Fabien Hébert a raison de parler d’un budget «statu quo».

Les 600 000 Franco-Ontariens peuvent au moins se contenter d’avoir évité le pire. Les jours précédant le dépôt, les rumeurs insistantes sur d’éventuelles coupes au Conseil des arts de l’Ontario avaient enflammé le milieu artistique franco-ontarien. Les informations démenties par le gouvernement avaient ensuite ramené le calme.

Mais en choisissant un budget prudent et basé sur l’équilibre, le gouvernement Ford prend le risque de repousser provisoirement les mécontentements. L’aggravation de l’inflation pourrait sonner le début d’heures plus sombres.

Sébastien Pierroz est journaliste et producteur pour la franchise d’actualité ONFR+ du Groupe Média TFO

OPINIONS

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2023-03-25T07:00:00.0000000Z

2023-03-25T07:00:00.0000000Z

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