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GROSSES DÉPENSES, PEU DE NOUVEAUTÉS

ÉMILIE GOUGEON-PELLETIER epelletier@ledroit.com Initiative de journalisme local

C’est une première historique en Ontario: le budget annuel déposé jeudi prévoit des dépenses provinciales qui dépasseraient la barre des 200 milliards. Malgré ce fait, peu de fonds sont dédiés à de nouveaux programmes.

La dernière fois que le ministre des Finances de l’Ontario a déposé le budget annuel de la province, c’était à l’aube de la dernière campagne électorale où les progressistes-conservateurs ont été à nouveau portés au pouvoir, en ajoutant près d’une vingtaine de députés à leur caucus.

Armé d’un gouvernement majoritaire encore plus fort que le précédent, Peter Bethlenfalvy dépose un budget qui réitère l’engagement du premier ministre Doug Ford: «Bâtir un Ontario fort».

En d’autres mots: renforcer l’économie de l’Ontario.

Pour ce faire, le ministre Bethlenfalvy a décidé d’infuser davantage de fonds dans les programmes existants plutôt que d’en créer de nouveaux.

DU NOUVEAU

Il y a tout de même quelques nouvelles mesures sont incluses au document financier d’environ 200 pages.

Annoncée plus tôt cette semaine, la création d’un nouveau crédit d’impôt pour le secteur manufacturier, notamment, devrait «continuer à relancer le secteur», estime le ministre des Finances.

Les fabricants ontariens pourraient donc recevoir jusqu’à 2 millions de dollars par année, soit un remboursement de 10% sur le revenu des sociétés, pour certains investissements comme la machinerie et l’équipement destinés à la fabrication ou à la transformation.

Par ailleurs, 224 millions seront réservés à la construction et à la modernisation de centres de formation de la main-d’oeuvre.

La province a également décidé d’élargir le Régime de revenu annuel garanti, à partir de juillet 2024, pour y inclure 100 000 aînés supplémentaires, et d’ajuster le programme annuellement en fonction de l’inflation.

Le gouvernement Ford annonce aussi, dans son budget, qu’il autorisera les pharmaciens à prescrire des médicaments pour un plus grand nombre d’affections courantes. Toutefois, il n’est pas précisé dans le budget si cette nouvelle mesure coûtera quoi que ce soit.

COUPES?

«Non.» Voilà ce qu’a répondu Peter Bethlenfalvy, mardi, à la question «Allez-vous couper dans les programmes?».

«Il n’y a pas de coupes sur le chemin de la prospérité», a-t-il ajouté.

Un programme sera tout de même éliminé à compter du 31 mars: le congé payé lié à la COVID-19.

En réponse à la pandémie, le gouvernement avait mis en place ce programme pour «soutenir les personnes qui devaient s’absenter du travail pour s’isoler ou se faire vacciner».

La province estime avoir atteint des taux de vaccination suffisamment élevés pour mettre fin à cette mesure.

En fait, la province mettra fin à

toutes les dépenses ponctuelles liées à la COVID-19 à compter de 2023-2024.

Durant la pandémie, le gouvernement a débloqué un financement d’une durée limitée lié à la pandémie, dont 7,8 milliards pour 2022-2023.

«Après avoir engagé des dépenses sans précédent pour lutter contre la pandémie de COVID-19, le moment est venu de remettre la province sur la voie de l’équilibre budgétaire», a déclaré le ministre Bethlenfalvy, en déposant son budget en chambre.

RENFORCER LES INVESTISSEMENTS EN INFRASTRUCTURE

L’an dernier, la Ford Nation a promis «l’un des plus ambitieux plans d’immobilisations» de l’histoire de l’Ontario, avec des dépenses de 159 milliards sur dix ans.

Cette fois-ci, le ministre Bethlenfalvy répète cet engagement en faisant passer ce montant à 184 milliards.

Pour l’année 2023-2024, cela représente un total de 23,5 milliards en dépenses liées à l’infrastructure.

On compte 8,3 milliards de ces fonds qui seront réservés aux transports en commun, soit 1,5 de plus que ce qui avait été présenté l’an passé.

Les investissements en transports en commun touchent principalement la région du Grand Toronto.

Le gouvernement Ford prévoit près de 3,2 milliards pour les routes et les autoroutes, ce qui représente 400 millions de plus que ce qu’il annonçait en 2022.

Les projets d’infrastructures liés aux hôpitaux ne verront pas une grande augmentation à leur budget.

La récente entente avec le gouvernement fédéral à propos des paiements de transferts aux provinces devrait pourtant permettre d’accroître les investissements dans la main-d’oeuvre, les services de santé mentale et de lutte contre les dépendances, les interventions chirurgicales, notamment.

Le système de l’éducation, qui s’attendait à 2,9 milliards en 20232024, selon le budget présenté l’an dernier, verra plutôt 3 milliards dans ses coffres au cours de l’année fiscale à venir.

LOGEMENT

La province prévoit construire 1,5 million de logements d’ici dix ans. Or, seules 80 000 mises en chantier par an en 2023, 2024 et 2025 sont prévues par année dans le budget.

L’Opposition officielle gardait d’ailleurs l’oeil ouvert pour s’assurer que le gouvernement Ford n’oublie pas d’inclure à son budget une stratégie en matière de logement abordable.

Or, le NPD ontarien estime que le gouvernement ontarien n’a pas essayé de trouver «de vraies solutions à la crise du logement, avec des logements abordables à proximité des transports en commun et des services solides».

À OTTAWA

Le gouvernement annonce un investissement annuel d’un million de plus sur trois ans à Investir Ottawa, «pour étendre ses activités et en faire un centre régional d’innovation pour l’est de l’Ontario».

Il rappelle aussi dans son budget la construction de trois écoles dans la capitale fédérale: deux anglophones et une francophone.

La province affirme vouloir garder les familles ensemble lorsque les enfants reçoivent des soins. Le ministre des Finances a inclus dans son budget un investissement de 3,1 millions pour l’agrandissement de l’OEuvre des Manoirs Ronald McDonald (OMRM) d’Ottawa.

«Cet agrandissement doublera la capacité d’accueil de l’établissement, qui passera de 55 000 à 115 séjours d’une nuit par an, pour les familles avec enfants recevant des traitements au Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario.»

L’an dernier, le gouvernement a fait part de son intention de soutenir le projet de réaménagement du Campus Civic de l’Hôpital d’Ottawa, le projet d’agrandissement du Centre de santé communautaire Carlington et la réfection d’une partie de l’autoroute 417, près du chemin Walkley.

Ces annonces représentaient toutefois une infime fraction des dépenses prévues pour l’ensemble de la province.

Comme l’an dernier, les progressistes-conservateurs ont omis d’inclure des engagements pour financer la troisième phase du train léger dans la capitale fédérale.

DÉFICIT

L’an dernier, le ministère des Finances estimait dans son budget annuel que la province observerait un déficit de 7,6 milliards en 2024-2025.

La province prévoit maintenant un retour à l’équilibre budgétaire pour la même période, et même un surplus de 200 millions.

Les Ontariens n’auraient donc qu’à attendre que l’année fiscale 2023-2024 se termine pour voir le déficit de 1,3 milliard supprimée.

La réserve du gouvernement ontarien a été fixée à 1 milliard en 2023-2024, à 2 milliards l’année suivante et à 4 milliards en 2025-2026.

RÉACTIONS

Les partis d’opposition à Queen’s Park jugent que le gouvernement Ford ne devrait pas «stationner» ces milliards de dollars et les utiliser pour en faire plus afin d’aider les familles à faire face à l’inflation.

«Je n’ai jamais vu un gouvernement célébrer si fièrement la médiocrité», a lancé la porteparole néo-démocrate en matière de Finances, Catherine Fife.

«Les conservateurs de Ford pourraient équilibrer le budget sans négliger la santé et le bienêtre des Ontariens, a déclaré le chef intérimaire libéral John Fraser. Au lieu d’investir dans les services dont les Ontariens ont désespérément besoin, ils sous-financent discrètement des services et des programmes essentiels.»

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