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LA REINE, DE GAULLE ET UN PREMIER MINISTRE RESCAPÉ DANS UN CHAMP

La rumeur s’était répandue comme une traînée de poudre dans l’ancien hôtel de ville de Hull à l’automne 1957.

MATHIEU BÉLANGER

Elizabeth II, alors jeune souveraine, viendrait signer le livre d’or de la ville lors de son passage prévu au mois d’octobre. Jean-Guy St-Arnaud était percepteur au service des finances depuis à peine quelques mois quand il a appris que lui et un collègue seraient responsables de déplacer la lourde table de marbre jusqu’à la reine pour qu’elle signe le livre d’or. «La reine ne va pas à la table, c’est la table qui vient à la reine», lui a-t-on dit.

Le jour venu, tout était en place. En fait, presque tout. Quelqu’un a oublié d’ajouter l’encre dans l’encrier de marbre sur lequel reposait la plume plaquée d’or avec laquelle la souveraine devait apposer sa signature royale.

Voyant la reine un peu embarrassée par la situation, Jean-Guy St-Arnaud, sans vraiment réfléchir, a fouillé dans la poche droite de son veston et a sorti sa plume fontaine, une Parker 51, que ses parents lui avaient offert lors de son entrée au Collègue Notre-Dame, à l’âge de 14 ans.

«Les agents de sécurité n’ont pas peu le temps de me retenir, raconte-t-il. Elle a signé le livre d’or avec ma plume. Elle s’est ensuite retournée, m’a rendu ma plume avec un beau sourire et m’a dit merci.» M. St-Arnaud a malheureusement perdu la trace de cette plume fontaine il y a quelques années.

S’il peut se vanter de cette courte interaction avec la souveraine, M. St-Arnaud se désole toutefois d’un rendez-vous manqué avec le président français, Charles de Gaulle. Ce dernier devait être de passage à Hull lors de sa visite légendaire de 1967. Tout était organisé. Une énorme sculpture de bois représentant des draveurs commandée à Jean-Julien Bourgault de Saint-Jean-Port-Joli devait lui être remise en cadeau.

Le 24 juillet, la veille de son arrivée prévue à Hull, le général de Gaulle prononça son fameux «Vive le Québec libre» sur le balcon de l’hôtel de ville de Montréal.

Les propos sont dénoncés dès le lendemain par le premier ministre du Canada, Lester B. Pearson. Irrité, le président français a mis fin à son voyage sans mettre les pieds à Hull.

La sculpture de bois qui devait lui être remise a pendant longtemps été visible à la Maison du citoyen. Elle fait toujours partie de la réserve d’oeuvres d’art de la Ville de Gatineau.

Quelques années plus tard, en avril 1970, Jean-Guy St-Arnaud allait recevoir la visite impromptue du premier ministre du Québec, Jean-Jacques Bertrand, directement dans son bureau. Les élections qui allaient porter Robert Bourassa au pouvoir se tenaient quelques semaines plus tard. Un rassemblement partisan était organisé pour le premier ministre à l’hôtel de ville.

M. Bertrand avait commencé la journée à Maniwaki. Le trajet en hélicoptère entre la Haute-Gatineau et Hull, plus tard en après-midi, aurait très bien pu virer au drame. Le temps était mauvais et le pilote de l’hélicoptère a complètement perdu le sens de l’orientation en arrivant dans le ciel de Hull. Le premier ministre a dû atterrir d’urgence en plein milieu d’un champ boueux en bordure du boulevard Cité-des-Jeunes. Il a ensuite dû marcher de longues minutes dans le champ détrempé avant de pouvoir rejoindre la route et être rescapé par un automobiliste surpris de voir le premier ministre du Québec dans cet état.

«Le premier ministre avait demandé au maire Marcel D’Amour de lui trouver un endroit privé où il pourrait reprendre ses sens avant d’aller s’adresser à ses partisans, raconte M. St-Arnaud. C’est comme ça que j’ai passé 20 minutes à jaser avec le premier ministre dans mon bureau.»

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2023-03-25T07:00:00.0000000Z

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