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Un climat de travail à peaufiner à la STO

JUSTINE MERCIER jmercier@ledroit.com

Le climat de travail n’est pas toujours optimal à la Société de transport de l’Outaouais (STO) selon une évaluation faite par une firme externe, dont les conclusions amènent le directeur général de l’organisation, Patrick Leclerc, à parler d’efforts à faire «en continu» pour que les employés soient bien et qu’ils n’aient pas peur de dénoncer des situations problématiques.

En mars 2022, la STO a octroyé un contrat de 41 000$ à la firme Latitude Management pour la réalisation d’une «évaluation neutre» du climat de travail qui prévaut chez le transporteur public, qui emploie quelque 900 personnes.

Dans l’offre de service faite par Latitude Management, on soulignait que la STO avait eu vent de «préoccupations» et d’«inconforts». Les «problématiques alléguées» faisaient notamment état de «sexisme» ou de «harcèlement sexuel» par le biais de regards, de blagues ou de «propos déplacés», d’intimidation, de manque de respect et de harcèlement psychologique «en lien avec l’exercice du droit de gestionnaire». Le directeur général de la STO précise à cet égard qu’il n’avait pas entendu parler de cas bien précis, mais qu’il y avait «du bruit» qui courait parmi les employés.

Pour des raisons de confidentialité, le rapport final de l’analyse n’a pas pu être obtenu dans le cadre d’une demande d’accès à l’information formulée par Le Droit. Le directeur général de la STO a toutefois accepté d’en dévoiler les grandes lignes en entrevue.

À l’origine de cette démarche se retrouvent les commentaires que Patrick Leclerc entendait ici et là, «sur le terrain», dans le cadre de discussions formelles ou informelles. Les allégations dont il a eu vent, il les a prises au sérieux, dit-il. «Dès que je l’entends une seule fois, je trouve ça préoccupant, dit-il. […] Un cas, c’est un cas de trop.»

Patrick Leclerc donne l’exemple de blagues faites par le biais d’un surnom qui peut être donné à un employé par des collègues. Lesdits collègues peuvent n’y voir rien de grave, tandis que l’employé concerné, lui, se sent blessé. «Ce n’est pas de l’intimidation, mais en milieu de travail, en 2023, il y a des blagues que tu ne peux pas faire, il y a des choses que tu ne peux pas faire», dit-il.

La STO a donc voulu prendre le pouls du climat de travail de façon plus officielle en ayant recours à une firme spécialisée en la matière. Des employés ont été rencontrés, tout comme l’ensemble des hauts gestionnaires.

«C’est difficile d’agir sur une situation quand on ne sait pas vraiment ce que c’est, expose M. Leclerc […]

C’est une recommandation que je ferais à tous les dirigeants d’entreprises, d’avoir le courage d’aller creuser, de retourner chaque pierre. On ne sait jamais, quand on commence un exercice comme ça, où ça va nous mener.»

CONCLUSIONS

Le rapport final n’a levé le voile sur aucun élément particulier nécessitant une action rapide de la part de la STO. «Il n’y a pas eu de signaux d’alarme», assure Patrick Leclerc, qui souligne que l’exercice a quand même permis «de détecter des situations et de faire des interventions». N’empêche qu’à ses yeux, même si les problèmes soulevés ne relèvent que d’une «perception», il y a lieu de prendre chaque cas au sérieux. «Que ce soit une situation d’intimidation, de harcèlement ou que ce soit seulement perçu, c’est qu’il y a quelque chose derrière, il y a un enjeu», souligne-t-il.

L’analyse a fait ressortir «un désir que les employés exprimaient assez clairement de voir une amélioration générale du climat de travail», expose M. Leclerc. Les employés ont aussi indiqué vouloir «une organisation plus souple, plus à l’écoute et qui assure les suivis aussi de façon rigoureuse dans l’ensemble des dossiers», ajoute-t-il.

L’évaluation a aussi fait ressortir un problème de «confiance» à l’égard de la STO, à titre d’employeur. «On a honnêtement senti qu’on avait à travailler beaucoup [sur cet aspect]», note M. Leclerc.

Les employés ont également mentionné qu’ils souhaitaient travailler dans «un environnement empreint de respect», qu’ils ne voulaient pas que la STO tolère des situations inacceptables.

Dans l’ensemble, le grand patron de la STO a compris qu’il y avait «du travail à faire» pour améliorer le climat et qu’il s’agit d’un «travail de longue haleine».

FAÇONS DE FAIRE MODIFIÉES

Les employés aux prises avec une situation dans laquelle ils ne sont pas à l’aise ne sont pas tous prêts à porter plainte de manière officielle en vertu de la loi ou de la politique de la STO, note M. Leclerc. Les employés ont donc surtout évoqué leur volonté qu’il y ait «une intervention» lorsqu’un problème est signalé, notamment par le biais d’un «accompagnement» de leur gestionnaire ou des ressources humaines.

Plusieurs employés ayant «peur des représailles», la STO a modifié certaines façons de faire pour faciliter le signalement de situations problématiques ou à risque de le devenir. «On a revu un peu le rôle que jouent les ressources humaines à l’interne, […] pour qu’elles soient vues vraiment comme un safe space», explique Patrick Leclerc. La STO a facilité l’accès aux ressources humaines, entre autres en retirant la nécessité d’avoir une carte pour entrer voir les responsables de ce département. «Et s’il y a quelqu’un qui veut vraiment porter plainte, on donne l’analyse à l’externe», ajoute M. Leclerc.

La STO n’a pas observé une hausse marquée dans le nombre de signalements liés au climat de travail, indique M. Leclerc. Il estime toutefois que les changements apportés ont permis de «détecter peut-être plus de situations ou d’avoir des discussions avec les gens».

Le président du syndicat des chauffeurs de la STO, Mario Bélec, n’a pas voulu accorder d’entrevue au sujet du climat de travail «pour ne pas nuire au processus» de négociation collective en cours. «Toutefois, nous saluons la volonté et le leadership de l’entreprise de faire les actions nécessaires pour rendre notre milieu de travail plus sain chaque jour», a-t-il tout de même précisé par écrit.

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