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LE MONDE DES ARTS ISOLÉ PAR LE CONVOI

MARIO BOULIANNE mboulianne@ledroit.com

Aux premiers jours de l’occupation du centre-ville d’Ottawa, plusieurs voix du monde culturel de la capitale fédérale se sont élevées pour dénoncer la situation.

Dans un effort commun et concerté, une dizaine d’organisations avaient alors fait une sortie publique pour dénoncer le harcèlement et l’insécurité que leurs membres et les artistes vivaient, tout comme leurs voisins de quartier.

Les équipes de la Galerie d’art d’Ottawa, de l’École d’art d’Ottawa, du Musée Bytown, de SAW, du Digital Arts Resource Centre (DARC), du Centre de danse contemporaine, de la Independent Filmmakers Co-operative of Ottawa Inc., d’Artengine, de l’Institut canadien du film, et d’Ottawa Fringe avaient alors signé conjointement une lettre ouverte sur le «Convoi de la liberté» envoyée à tous les médias ainsi qu’aux différents paliers gouvernementaux. C’était le 14 février 2022.

Ils ont rappelé que la pandémie avait apporté d’importants changements dans leurs opérations. Avec peu de ressources, ces organisateurs ont peiné à joindre leurs auditoires, et ce, même de façon numérique. Ils ont dû fermer ou adapter leurs locaux afin de respecter les normes sanitaires.

«Depuis maintenant plusieurs semaines, nous avons dû garder nos portes fermées. Pas en raison de règlements contre la COVID, mais à cause du ‘convoi de la liberté’, était-il écrit dans la lettre ouverte. À cause de cette occupation, nous, artistes et membres de la communauté culturelle ainsi que nos nombreux et souvent vulnérables voisins, avons été victimes de harcèlement et ne nous sentons pas en sécurité. Ce convoi a permis à des sentiments haineux et racistes d’envahir nos espaces publics. Il a eu un impact financier, nous a privés de notre liberté et nous a empêchés de servir notre communauté. Plus grave encore, cette liberté artistique est restreinte au moment où les gens en ont le plus besoin. Nous sommes solidaires de toutes les personnes profondément touchées par cette situation, en particulier les membres des communautés marginalisées et racialisées.»

CENTRE NATIONAL DES ARTS

Situé en plein coeur du périmètre de sécurité érigé par la police, le Centre national des arts (CNA) a été durement frappé par les effets des manifestations.

«Nous avons dû fermer complètement le CNA, a expliqué au Droit Annabelle Cloutier, directrice générale des communications au CNA. Il était impossible pour nous de présenter des spectacles pendant que les manifestants occupaient le centre-ville. La sécurité de nos artistes, nos équipes et notre public passait avant tout.»

C’est un mois de programmation qui a donc été annulé ou reporté. Après les affres de la pandémie, le «convoi de la liberté» coupait les ailes du CNA dont les équipes se réjouissaient déjà de reprendre les productions en salle, dont la pièce

Last Epistle of Tightrope Time présentée au Théâtre anglais du CNA par la compagnie Black Theatre Workshop, ainsi qu’une première mondiale de l’Orchestre du CNA.

«L’impact de ces manifs a été énorme, autant sur notre programmation que sur nos équipes, ajoute Mme Cloutier. D’ailleurs, la semaine prochaine, nous présentons un spectacle de l’Orchestre qui aura dû être présenté en février dernier. L’oeuvre de Jake Heggie et de Margaret Atwood Songs for Murdered Sisters sera enfin jouée en première mondiale.»

Malgré la proximité des manifestants, peu de dommage à l’édifice ont été déplorés. «On a eu des petits dommages, mais rien d’irréparable, insiste Mme Cloutier. On a quand même dû faire un bon ménage sur nos terrains.»

LES MUSÉES

Plusieurs musées nationaux étaient en plein coeur de la crise.

On n’a qu’à penser au Musée des beaux-arts du Canada (MBAC), au Musée canadien de la guerre et au Musée canadien de l’histoire, sur la rive québécoise.

En raison des mesures sanitaires, les musées situés sur le territoire ontarien devaient rester fermés jusqu’au 26 janvier, cette année-là. Puisque l’administration du Musée canadien de la guerre et au Musée canadien de l’histoire est la même, la fermeture touchait également le musée situé à Gatineau.

Par contre, on se souviendra que l’Ontario annonçait la réouverture des musées de la province à partir du 31 janvier. «Même si nous pouvions accueillir le public à partir de cette date, les deux musées sont demeurés fermés jusqu’au 26 février en raison des manifestations», a expliqué au Droit par courriel Stéphanie Verner, agente des relations avec les médias du Musée de l’histoire.

Au Musée des beaux-arts du Canada, la réalité fut la même.

«En 2022, le Musée a été fermé au public à compter du 5 janvier en raison de la COVID-19 et devait rouvrir ses portes le 2 février, explique Josée-Britanie Mallet, agent de relations publiques et médiatiques du MBAC. Notre réouverture a toutefois été repoussée au 26 février en raison du convoi.»

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2023-01-28T08:00:00.0000000Z

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