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ADOPTER LES SANS ALCOOL

JEAN-FRANÇCOIS DUGAS jfdugas@ledroit.com

Sober October, Dry January, le Défi 28 jours sans alcool en février : peu importe où vous trouvez dans le monde, toutes les raisons sont bonnes pour boire… sans alcool pour un mois.

Au Québec, le Défi 28 jours sans alcool de la Fondation Jean-Lapointe est devenu une véritable tradition pour plusieurs depuis sa création en 2013.

Il faut savoir que cette initiative ne priorise pas la sobriété, mais plutôt le bien-être et l’équilibre d’une saine consommation.

Tiens, tiens, ça rejoint pas mal le mantra du boire moins, boire mieux, généralement adopté par l’industrie de la microbrasserie. Je dis ça, je dis rien.

Les mouvements sans alcool visent aussi à générer des fonds pour appuyer différentes causes. Depuis 2016, le Dry February amasse des fonds pour la Société canadienne du cancer, par exemple.

Le choix de s’abstenir d’alcool pendant un mois s’est activé depuis une douzaine d’années sur la planète. La santé, la leur surtout, préoccupent les gens. Ce n’est pas pour rien que la consommation d’alcool est en chute libre, un peu partout sur le continent.

C’est en 2010 en Australie que le Ocsober a vu le jour pour recueillir de l’argent pour un organisme prônant la santé et le bien-être. L’activité du Sober October apparaît par la suite au Royaume-Uni, sensiblement pour les mêmes raisons.

Bien évidemment, bon nombre de personnes décident de ne pas boire au mois de janvier pour compenser les excès du temps de Fêtes. Cette cure de désintoxication est devenue une pratique annuelle pour certains.

Mais voilà pourquoi le Sober October gagne de plus en plus du terrain sur le Dry January.

En janvier, on s’impose souvent cette pratique dans l’optique des résolutions du jour de l’An, qui comportent fréquemment une remise en forme. Plusieurs ont la volonté, mais…

Ainsi, en octobre, on s’y donne pour son bien-être, sans « pression », soutiennent des experts de la santé. D’autres participants « préparent le terrain » avant Fêtes, croit-on. Vaut mieux prévenir que guérir, comme le dit le dicton.

LE SANS ALCOOL EXPLOSE

Ce bref historique sert de « mise en bouche », si vous voulez, pour vous parler de l’avènement impressionnant de bières sans alcool sur le marché artisanal.

La sélection a bondi considérablement depuis quelques années.

Il n’y a pas si longtemps, toute personne cherchant à boire une telle broue devait se rabattre sur les gros producteurs industriels. Pis ça, on en a déjà parlé : ils brassent pour déplaire à moins de monde possible tandis que les microbrasseries tentent de plaire à un plus grand public en raison de leurs variétés de styles de bières. La nuance est non négligeable.

Aujourd’hui, on peut facilement en retrouver quelques dizaines, d’ici et d’ailleurs, sur les tablettes de vos détaillants spécialisés préférés. On y trouve aussi plusieurs styles, au-delà des lagers et pilsners habituellement offertes par les macrobrasseries.

(Petite note en passant : toute bière qui titre 0,5 % ou moins est considérée sans alcool. À l’instar d’autres boissons, comme le kombucha ou même le jus d’orange, une légère fermentation a lieu dans ces produits.)

PIONNIÈRE DU GENRE

En tête de liste au Québec, on trouve la microbrasserie Le BockAle.

Après son ouverture en 2015, le fondateur et directeur général de l’entreprise de Drummondville, Michael Jean, constate rapidement que l’offre sans alcool est limitée sur le marché. Seulement une poignée de bières « insipides » sont proposées. Oui, oui, on parle des producteurs industriels.

Il décide de lancer la première IPA sans alcool de la Belle Province, la Découverte, au mois de juillet 2017.

En février 2018, il s’associe à la Fondation Jean-Lapointe et son Défi 28 jours sans alcool. Pour l’occasion, il brasse une stout sans alcool, la Trou Noir, une première en province.

Petit à petit, le BockAle ajoute à sa gamme de bières non alcoolisées de sorte que son chiffre d’affaires explose de 300 000 $ à 5 millions $ en quatre ans.

Bref, elle est sans prétention la pionnière du genre au Québec et peut-être bientôt ailleurs ?

La microbrasserie dessert actuellement l’Ontario, mais espère percer davantage au Canada anglais et sur le marché américain, voire européen. Son excellente réputation la précède déjà sous autres cieux, ce qui devrait aider sa cause.

En 2021, la microbrasserie reçoit un petit coup de pouce à cet effet quand l’investisseur Nicolas Duvernois effectue la plus grande offre de l’histoire de la populaire émission de Radio-Canada Dans l’oeil du dragon ! Un million de dollars plus tard, BockAle continue de consolider sa place dans le marché du sans alcool.

BOOM SANS ALCOOL ?

Outre cette entreprise, plusieurs autres brasseries indépendantes se sont lancées dans une même production. C’est une nouvelle tendance dans le milieu brassicole, sans contredit en réponse à celle présente dans la société en général.

Par contre, si certaines microbrasseries flirtent avec l’idée de réorganiser leur plan d’affaires pour « sauver les meubles » afin de naviguer au travers de la tempête post-pandémique, c’est un pensez-y-bien.

Les brasseurs du style adoptent plusieurs méthodes pour en arriver à leur but.

Par exemple, on peut opter pour le procédé de désalcoolisation par chaleur ou par pression, ou les deux, afin d’éliminer l’alcool du produit fini. On peut aussi réduire ou carrément empêcher la formation d’alcool en utilisant différentes levures et en intervenant dans le processus de fermentation.

Bref, il faut savoir que les étapes pour fabriquer de la bière sans alcool sont variées et peuvent être coûteuses, ce qui apporte certains défis pour les plus petits producteurs.

Néanmoins, le jeu en vaut peutêtre la chandelle.

Vous avez constaté le boom des microbrasseries depuis une dizaine d’années ? La conjoncture est bonne pour que les bières non alcoolisées prennent d’assaut le marché pour les dix prochaines à mon avis.

Surtout que le Centre canadien sur les dépendances et l’usage des substances a dévoilé à la mi-janvier de nouvelles lignes directrices sur la consommation d’alcool, fortement à la baisse...

On s’en reparle en 2033.

LE MAG

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2023-01-28T08:00:00.0000000Z

2023-01-28T08:00:00.0000000Z

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