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FAITS POUR SE RELEVER

STEVE BERGERON steve.bergeron@latribune.qc.ca

Oui, il y a eu une pandémie. Mais il y a eu aussi simplement la vie. Les humains passés avant nous ont également connu leurs épreuves, souvent beaucoup plus graves. Ils ne se sont pas empêchés de vivre pour autant. La plupart ne sont pas restés les bras croisés. Ils ont pris des décisions, bonnes ou mauvaises. Peu importe : ils n’ont pas attendu bêtement le destin.

Profond, tout ça? Prévoyez un peu beaucoup ça avec le plus récent album de Dumas, Cosmologie, paru vendredi. L’auteur-compositeur-interprète de 43 ans, qui observe le monde depuis plus de 20 ans tant par la lorgnette de l’intime que celle de l’universel, livre assurément l’opus où son regard embrasse le plus large jusqu’à maintenant.

« J’avais écrit une quarantaine de chansons avec Jonathan Harnois [son complice de l’opus précédent, Mes idéaux], assez pour nous perdre. C’est au printemps dernier, au sortir de la pandémie en fait, que l’album s’est clarifié. Nous avons choisi les chansons qui avaient des thèmes plus existentiels. En fait, c’est quand le texte de Tout passera est arrivé que la direction s’est précisée : qu’est-ce qu’on va faire de ce moment diamantaire qu’on passe sur Terre, de cette prise de conscience de nos vies? »

« Il y a eu aussi la pièce Apprenti, qui s’intitulait d’ailleurs Cosmologie au début, et qui est aussi un des points de départ de l’album », ajoute Dumas à propos de cette chanson sur cette petite bête pensante que nous sommes, mais qui reste en apprentissage de sa propre vie.

Pour Dumas, la pandémie est donc un événement presque banal de la condition humaine. « Oui, ça nous a donné le temps de réfléchir, mais il y a aussi simplement, derrière ces chansons, l’expérience de la vie et du temps qui passe : l’existence est remplie d’épreuves, on apprend tout le temps, ce n’est jamais fini. »

PAUSES INSTRUMENTALES

Mais « existentiel » ne veut pas dire « déprimant » dans ce casci, précise-t-il.

« Je voulais que ce soit lumineux, que ça donne quelque chose de positif, ne serait-ce que pour mon fils si jamais il écoute ces chansons plus tard, appuie Dumas. Je voulais dire que c’est quand même possible de transcender son destin, peu importe la situation, qu’il s’agisse d’une pandémie ou d’épreuves personnelles. Rêver d’un ailleurs [L’ailleurs, première piste de l’album], penser qu’on peut changer les choses [Mouvement, deuxième extrait]... Je crois que l’humain est fait pour se relever. »

On lui fait remarquer qu’avec

Cosmologie, on se retrouve un peu dans les mêmes eaux que d’anciennes chansons comme À la dérive, Passer à l’ouest, Le bonheur, Un jour sur terre, Le futur...

Plusieurs figurent d’ailleurs sur l’album Traces (2009).

« C’est drôle que tu m’en parles parce que je suis justement en train de penser au spectacle et je suis retourné vers ces chansonslà », commente le musicien. Trois plages instrumentales,

Bermudes, Lune d’été et La mer, se glissent telles des pauses, afin de ne pas se laisser submerger par les grandes questions soulevées par Dumas.

« En fait, j’ai voulu concevoir Cosmologie comme un tout concis [34 minutes], une bulle qui s’écoute d’un seul trait. Aujourd’hui, je trouve que les pièces instrumentales font pleinement partie du voyage », conclut l’auteur-compositeur.

JOGGER AVEC PHIL

Leitmotiv, premier extrait du disque et véritable bonbon pour piste de danse, est aussi un bon exemple de l’optimisme que

Dumas a voulu injecter à son opus 12. Il donne également une excellente idée de la couleur musicale à laquelle on peut s’attendre.

Grand amateur de sons de synthèse, lesquels ont toujours ponctué ses chansons, Dumas offre certainement ici le disque le plus électronique de sa carrière, privilégiant toutefois une facture rétro et artisanale, en partie grâce au principal collaborateur de l’album, le réalisateur Philippe Brault.

Ironiquement, c’est en joggant ensemble sur le mont Royal que les deux créateurs se sont rencontrés, et pas parce que Philippe Brault est un des réalisateurs les plus sollicités et occupés de la scène montréalaise.

« Phil, on l’imagine souvent comme arrangeur de cordes, parce qu’il est très bon làdedans, mais au départ, c’est un vrai freak de claviers et de

synthétiseurs analogues. Quand on a commencé à travailler ensemble, on pensait beaucoup à David Bowie, surtout son album Low. Moi, je voulais qu’on ait l’impression qu’on écoute une vieille maquette sur cassette. Instinctivement, on est allés dans cette direction, et Phil m’a aidé à assumer, même à appuyer ce choix de sons imparfaits. »

Mais on ne peut pas du tout parler d’intensives séances d’enregistrement.

« On se rencontrait quand Philippe avait un trou dans son agenda, ce qui fait que le processus s’est étalé sur deux ans. On n’a jamais eu l’impression d’être en train de faire un album. Phil m’a dit d’entrée de jeu que je devais me faire confiance. On a simplement retravaillé et peaufiné ce que j’avais déjà enregistré. J’ai vite compris pourquoi il avait une telle carrière de réalisateur : c’est quelqu’un qui a énormément d’écoute. Il a tout de suite saisi ce que je voulais faire. C’est vraiment un album à quatre mains, qui s’est concrétisé naturellement, dans un grand plaisir. »

ARTS.

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2023-01-28T08:00:00.0000000Z

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