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LE JARDIN MÉTALLIQUE DE BÉLA SIMÓ

YVES BERGERAS ybergeras@ledroit.com

Le sculpteur Béla Simó ouvre grand les grilles de son Jardin de sculptures en même temps que les portes de son atelier, ce week-end, dans le cadre des Journées de la culture (JDC).

L’occasion est tout indiquée pour découvrir la quarantaine de sculptures métalliques — souvent monumentales — qui ont « poussé » dans son jardin en 8 ans, c’est-à-dire depuis que le Montvalois a découvert la joie de façonner l’aluminium, ce matériau devenu pour lui aussi malléable que du beurre.

Béla Simó, immigrant roumain d’origine hongroise, et sa compagne de vie, l’artiste-peintre et poétesse Angèle Lux, offriront des visites guidées en français, en anglais « et en hongrois », ajoute, amusé, le sculpteur.

Son Jardin de sculptures ne cesse de s’agrandir au fil des ans, tel le domaine du Facteur (Joseph Ferdinand) Cheval, lentement transformé en « Palais idéal » à la force du poignet... et à force d’imagination débordante et d’obsessions architecturales.

Cour arrière et avant, ce Jardin de plantes métalliques — que Béla Simó appelle son « sanctuaire » — a tendance à s’étendre dans toutes les directions.

Il transporte et plante lui-même (à bout de bras, seul ou avec « un peu d’aide », car ils sont beaucoup plus légers qu’ils n’y paraissent), ses colosses ouvragés.

« La seule chose dont je suis certain, c’est que ce Jardin ne sera jamais achevé », laisse-t-il entendre.

Au fil de quelque 35 années de pratique professionnelle, M. Simó a touché à pratiquement tous les matériaux. Pierre, marbre et granit ; plâtre et tous ses dérivés ; bois ; cellulose, résine et cuivre, il a même été coutelier d’art et possédé une fonderie artisanale lui permettant de couler le bronze.

Puis il s’est pris d’amour pour l’aluminium, qu’il s’amuse à présent à découper, chauffer et pétrir, pour y faire surgir visages et autres formes stylisées.

COMME DANS DU BEURRE

« Quand j’ai posé pour la première fois ma lame sur une feuille d’aluminium, c’était comme si je coupais du beurre : le médium obéissait à ma main, prenait la forme que je désirais ; là, j’ai réalisé que tout mon imaginaire pouvait devenir réalité », se souvient celui qui aime aussi jouer sur les contrastes en ajoutant du tissu, notamment de la soie, à ses sculptures.

« Je suis influencé à la fois par les formes simples de la nature et les forces chaotiques du monde moderne, indique-t-il. Je m’efforce d’y apporter vie et mouvement alors que je parle du voyage humain et de notre identité en tant qu’êtres humains. »

Même si Béla Simó part sur une idée, il laisse à chacune de ses créations la liberté de s’inventer ellemême, en chemin ; il adore que l’oeuvre le surprenne et trouve sa propre forme, dans les méandres du processus. Il refuse d’ailleurs de baptiser ses oeuvres avant qu’elles ne soient achevées.

Après leur avoir « donné vie », il leur accorde leur « liberté », les laissant prendre un bain de soleil, à faire miroiter leurs reflets argentés sous l’azur montvalois. « Je suis heureux de pouvoir ainsi les partager avec le monde », dit l’artiste.

ART PUBLIC

« La sculpture fait partie de la culture, et sans culture, c’est l’humanité qui cesse d’exister », philosophe Béla Simó, qui participe aux JDC pour la cinquième fois.

On lui demande de quelle oeuvre il est le plus fier. « Celle qui n’est pas encore faite, sans doute », répond l’artiste qui a exposé à travers le monde, mais qui s’en « voudrait de discriminer l’une ou l’autre » de ses créations.

Les visiteurs pourront découvrir son atelier situé au 1375, Route du Carrefour, et le voir travailler sur l’une ou l’autre des deux oeuvres sur lesquelles il travaille en même temps, ces temps-ci.

Y seront exposées une série de plus petites oeuvres attendant patiemment de trouver l’acquéreur qui les invitera sur sa cheminée ou sa table à café — moyennant une petite poignée de milliers de dollars, évidemment. Il est également possible de ‘cueillir’ les fleurs métalliques de son Jardin.

Béla Simó a appris le métier au côté de l’Autrichien Joseph Elter, un sculpteur ayant « exposé avec Picasso et dont un musée et un centre d’art portent le nom », précise l’artisan métallier, dont une dizaine d’oeuvres d’art public sont aujourd’hui disséminées aux quatre coins de l’Outaouais, de Gatineau

(Je ne dors pas, qui borde le Sentier culturel) jusqu’à la Caverne Laflèche

(Stalactite musicale) en passant par les MRC voisines. Une autre oeuvre publique monumentale signée Béla Simó orne St-Georges de Beauce, et une dizaine d’autres trônent aux États-Unis, en Autriche et au Yukon, ce « paradis » où il a vécu 18 ans avant d’aller vivre à Terre-Neuve, puis d’atterrir à Ottawa et s’implanter à Val-des-Monts.

ARTS

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2021-09-25T07:00:00.0000000Z

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