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Les campagnes finlandaises face à l’exode des femmes

SAM KINGSLEY

ENONKOSKI — Avec sa rivière et sa haute église en bois, le village d’Enonkoski dans l’est de la Finlande a du charme. Mais pas pour les jeunes femmes qui comme un peu partout dans le pays nordique fuient les campagnes, laissant des contingents masculins derrière elles.

«Toutes mes amies aussi sont parties», témoigne Viivi Rinkinen, qui a quitté à l’âge de 16 ans cette bourgade de 1400 habitants, dont deux fois plus de jeunes hommes que de jeunes femmes.

«C’était un peu ennuyeux, je voulais de l’action», explique-t-elle à l’AFP. Partie faire son collège en ville à deux heures de route, elle vit désormais sous le soleil de Malte, en mer Méditerranée.

En Finlande, plus de la moitié des communes rurales comptent aujourd’hui un déficit supérieur à 20% du nombre de femmes par rapport à leurs congénères masculins,

au grand dam des autorités locales qui tentent d’enrayer le phénomène.

Cet exode est surtout alimenté par l’écart de niveau scolaire: les filles obtiennent souvent de meilleurs résultats, ce qui les pousse à poursuivre des études supérieures ailleurs.

Parallèlement, les emplois hautement qualifiés pour les femmes restent plus rares dans les campagnes, où des professions à dominante masculine sont un important vivier d’emplois.

INQUIÉTUDES

«Nous, on aime rester là où nous sommes nés, nous n’aimons pas partir pour tremper nos doigts de pieds dans d’autres eaux», lance Leevi Natunen, un opérateur de machine forestière de 20 ans à Enonkoski, à 350 kilomètres d’Helsinki.

«Les filles ne sont pas intéressées par le travail dans les fermes, contrairement à nous», ajoute son ami Miika Leikas, 20 ans également, employé lui dans le bâtiment.

Une situation que déplore Timo Aro, du cabinet de conseil en développement régional MDI: «notre marché de l’emploi est encore polarisé entre les emplois dits masculins et les emplois féminins».

«La tendance au départ des jeunes femmes existe depuis longtemps, mais on en parle davantage aujourd’hui», grâce à de meilleures données et à un intérêt croissant pour la question, ajoute-t-il.

Bien que le taux de natalité soit plus élevé à la campagne, le départ massif des jeunes femmes vers les villes accélère un exode rural déjà important.

Confrontées à une fuite des jeunes qualifiées et à une facture croissante des soins aux personnes âgées, certaines municipalités rurales cherchent désormais à garder et faire revenir les femmes.

En Cajanie, vaste région à sept heures de route au nord d’Helsinki, les autorités ont interrogé 500 jeunes femmes dans le cadre d’un projet pilote visant à comprendre cet exode.

Outre la question de l’emploi, plus de la moitié des personnes interrogées estiment également que la voix des jeunes femmes n’est pas entendue dans le processus décisionnel.

LE MONDE

fr-ca

2021-09-25T07:00:00.0000000Z

2021-09-25T07:00:00.0000000Z

https://ledroit.pressreader.com/article/281968905835360

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