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Alexandria mon amour

LETTRES D’ALEXANDRIA

LISE RAVARY CHRONIQUE Collaboration spéciale lravary@yahoo.com

S’établir à Alexandria n’était pas un choix : nous avons acheté la maison que nous aimions, la ville n’était pas un facteur déterminant. Dans l’Est ontarien, la plupart des petites villes et villages, surtout les plus anciens, sont jolis, sauf peut-être Alexandria, fondée en 1819, à moitié belle et à moitié hideuse.

De superbes demeures victoriennes côtoient des taudis. L’usine d’Alexandria Moulding, qui exporte ses moulures partout dans le monde, côtoie une roulotte à patates. Comme si quelqu’un avait échappé la ville du haut du ciel.

La rue principale, Main Street, a peu de charme. Pourtant, Alexandria a déjà été une ville très prospère. De 1880 à 1920, Munro and MacIntosh y fabriquait 10 000 traîneaux, buggies et camions de pompiers par année. En 1892, les deux associés ont créé le journal local, The Glengarry News qui existe toujours, mais l’automobile a tué l’usine de buggies.

Au milieu de la ville, Island Park Beach enrubanne l’étang Mill, grand comme un petit lac. On peut s’y baigner, prendre du soleil sur une plage de sable, pêcher, faire du kayak. En décembre, l’administration y organise un formidable festival des lumières.

Il y a aussi quelques restaurants, mais tous ont plus ou moins le même menu : pizza, burger, club sandwich,

wraps, salade César, brochettes, poutine et vin ontarien bas de gamme. Mais les choses évoluent avec la nouvelle Buvette du marché, un bar à tapas et pub gastronomique qui a survécu à la COVID, mais le Quirky Carrot, un café-école de cuisine-traiteur végétarien a fermé ses portes.

Le bistro La Belle Sorelle sert des cafés exquis, Pizza Alexandria est reconnu pour ses mets chinois, le Cosy Corner n’est reconnu pour rien, le Georgian House 1858 Day Spa et le pub Atlantic complètent l’offre restaurant. Mais rien ne bat le Tim Horton pour l’achalandage. On y croise des fermiers à la retraite, des motards, des familles et tôt le matin, des gars qui reviennent d’un party.

En parlant de motards, ils sont attirés par la région comme par les maringouins sont attirés par ma peau blanche. L’étang devant la maison est devenu une pouponnière à maringouins. Deux choses que je déteste à la campagne ? Les bibittes et les mauvaises herbes.

Chaque fin de semaine, Alexandria et les environs sont envahis par des centaines de motocyclistes, dont plusieurs viennent du Québec pour fuir les nids de poule très dangereux pour les motos. Ici, je témoigne qu’il n’y a pas de nids de poule. Même les petites routes de campagne ressemblent à des rubans de velours.

Même les routes de terre sont impeccables, car elles sont nivelées régulièrement.

Il n’y a pas de plus grand mystère pour moi que la différence entre les pitoyables routes du Québec et la qualité des routes en Ontario de l’est. Les routes sont entièrement repavées à intervalles réguliers, endommagées ou pas. Le nouvel asphalte est déposé sur une base qui n’a pas été rongé par l’eau.

Les gars d’Alexandria sont fous des autos anciennes qu’ils retapent dans leur garage. L’été, les jeudis soir, quand il n’y a pas de COVID, les membres du club Eazy Cruisers Street Club se réunissent dans le stationnement du supermarché pour nous faire admirer des belles d’autrefois. Les muscle cars des années 60 et 70, tels les Charger, Chevelle SS et autres Pontiac GTO occupent une place de choix.

Un citoyen d’Alexandria possède une Rolls Royce qui passe tout son temps dans le stationnement d’un garagiste. La présence d’une auto de luxe étonne. Il y a peu de BMW ou de Mercedes dans le coin. C’est le royaume du pickup, ce qui n’indispose personne. Des bottes de foin se transportent mal dans une Tesla. Il y a aussi un VR devant plusieurs maisons, parfois aussi gros que la maison elle-même.

Malgré ses défauts, j’aime ma ville. Elle est grouillante de vie sauf à 20 h quand elle se vide de toute âme qui vive. Personne ne vient à Alexandria pour le night life, croyez-moi. Sauf pendant le festival western en août.

Je connais une meilleure raison de choisir Alexandria : le français est la langue officielle. Mais il faut s’engager pour que cela demeure.

OPINIONS

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2021-09-25T07:00:00.0000000Z

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