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Mères, conjointes et... animatrices

GAËLLE KANYEBA gkanyeba@ledroit.com

Mener une carrière avec des horaires atypiques, grimper les échelons tout en étant une bonne mère et une conjointe dévouée, c’est possible. D’ailleurs, suggérer le contraire, c’est être aux antipodes de son époque. Voici ce qui résume une conversation que Le Droit a eue sur le ton de la confidence, avec trois animatrices radio de la région d’Ottawa-Gatineau.

Mélanye Boissonnault est l’animatrice vedette des Matins d’ici sur les ondes d’ICI Première. Maman de deux enfants, de 10 et 13 ans, la journaliste et chroniqueuse culturelle compte à son actif plus d’une quinzaine d’années d’expérience à la radio et à la télévision. Son boulot l’a souvent obligé à voyager de ville en ville. Forçant immanquablement ses enfants à changer d’environnement.

À la question: “comment conciliez-vous une carrière et une vie de famille équilibrée?”, elle répond sans aucune hésitation.

«Comme le dit la célèbre phrase: “derrière tout grand homme, il y a une grande dame”. Eh bien, derrière toute femme du matin il y a un homme qui assure la routine du matin!»

Pour elle, l’organisation et le bon conjoint sont la clé de voûte pour une «Morning Woman» à succès et qui désire avoir des enfants.

«J’ai un conjoint qui a toujours bien géré. Que ce soit le matin ou le soir […], il ne garde pas les enfants, il s’occupe de ses enfants. Ce qui fait que tout ça est possible. Il y a tellement des petites décisions quand on parle de cette conciliation. Pour moi, ça va jusqu’à magasiner la maison pour qu’elle ne soit pas très loin de la station. Pour que je puisse m’y rendre rapidement en voiture ou à vélo. Aujourd’hui, le télétravail facilite beaucoup de choses. Si à 16h j’ai une réunion de production, je peux aller chercher mon fils à 15h30, faire ma réunion et quand j’ai enregistré ma promo pour le lendemain, je retourne à ma vie de famille. J’ai toujours fait ça comme ça; organiser pour que tous les morceaux du casse-tête fonctionnent ensemble.»

Dans les émissions matinales à la radio, il y a souvent beaucoup d’appelées et peu d’élues.

Pour durer, il faut savoir triompher de l’adversité, explique Renée Germain. Celle qui a été coanimatrice de la matinale à Énergie pendant 13 ans, s’est très vite retrouvée maman de deux petites filles, au sein d’une famille recomposée.

Un rôle qu’elle a tout de suite accepté avec enthousiasme. Immanquablement, la question de la conciliation travailfamille s’est rapidement imposée.

Après une mûre réflexion, son constat était évident: «pourquoi choisir?»

«Je ne sais pas pourquoi on se met des barrières. Un homme ne se poserait pas cette question. Il ne se dirait jamais: “est-ce que je peux avoir ma carrière [et une famille], tout ça en même temps?” Je pense qu’il faut juste être bien entourée et bien organisée. Si tu as ça, tu peux faire tout ce que tu veux dans la vie», lance-t-elle.

Mme Germain rappelle qu’il ne faut pas avoir honte d’appeler à l’aide, lorsque la tâche devient trop lourde.

«Quand j’ai commencé à faire l’émission du matin, mon conjoint travaillait sur appel et ma mère habitait en Abitibi. Elle a dû déménager avec moi […]. Lorsque je partais à 3h du matin, si mon conjoint partait aussi, les enfants étaient seuls. Nous étions tous les deux un peu dans le même bateau. Et c’est ma mère qui a fait la différence. On s’organise, puis à un moment donné, tu délègues. Si c’est de la radio du matin que tu veux faire dans la vie, c’est très faisable.»

SYNDROME DE L’IMPOSTEUR

Avec un brin d’humilité, Jhade Montpetit, animatrice phare du week-end à ICI Première pour l’émission Les Malins, professeure à la Cité et maman de jumeaux, concède que c’est un défi quotidien.

«Moi, cette job-là, si je n’avais pas d’enfants, je ne ferais que ça. Ça m’obsède, je suis toujours dans une remise en question, je suis toujours en train de lire quelque chose. Puis là, je parle peut-être à travers mon chapeau, mais je ne sais pas si on a plus le syndrome de l’imposteur que les hommes. Si je ne suis pas impeccable, absolument certaine et préparée béton, j’ai peur de me faire prendre en défaut», confie-t-elle.

Et elle ajoute: «le fait que les enfants soient en sports études implique qu’on court partout dans la semaine. C’est un cassetête. Mais, j’ai le droit d’avoir une carrière. J’ai le droit de faire partie de l’équation. Et ça, il faut que je me le rappelle souvent. L’émission, quand c’est le temps de la mettre en priorité, je le fais. J’apprends tranquillement à la mettre de côté quand je suis à la maison, mais ça prend de la discipline. Je n’ai pas le syndrome de l’imposteur dans mon rôle de mère. Mais dans celui d’animatrice, c’est comme s’il fallait que je me le prouve tout le temps.»

UN FREIN

Selon la directrice générale de la radio communautaire Unique Fm, Stéphanie Simard beaucoup de femmes aimeraient travailler à l’aurore. Mais la conciliation travail-famille se transforme en frein.

«Les femmes qui postulent chez nous ont les mêmes opportunités que les hommes […]. Souvent dans les émissions du matin, les femmes ne peuvent pas y être en raison de la conciliation de la vie de famille et du travail», constate-t-elle.

«Il y a eu des pionnières avant nous qui ont défoncé des portes, qui étaient beaucoup moins entreouvertes que celles qu’on défonce aujourd’hui. Par respect pour elles, il faut qu’on shine. Peu importe que tu sois à la radio privée ou publique. C’est beau de voir des femmes talentueuses prendre l’antenne, on a quelque chose à dire», lance Jhade Montpetit en guise de conclusion.

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