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«M. LEGAULT S’EST PLACÉ LUI-MÊME DANS UN RAPPORT DE FAIBLESSE»

OLIVIER BOSSÉ obosse@lesoleil.com

LA POLITIQUE EN QUESTIONS

Comme leader parlementaire de l’opposition officielle à l’Assemblée nationale, André Fortin est en première ligne des débats avec le gouvernement Legault. Le député libéral a récemment été sous le feu des tirs caquistes pour ses accointances avec Justin Trudeau.

Q Quelle est votre évaluation du plan gouvernemental de 1 milliard $ pour ramener plus de 4000 infirmières dans notre système de santé?

R

C’est dur de dire qu’on est contre donner de l’argent supplémentaire aux infirmières, après ce qu’elles ont vécu au cours de la dernière année.

Cependant, c’est un plan à court terme.

Un plan qui semble manquer de vision, qui semble avoir été élaboré rapidement.

Pas plus tard qu’il y a quelques semaines, le ministre de la Santé nous disait avoir été surpris par l’ampleur de la crise.

On souhaite ardemment que ça fonctionne, mais on est déçus que le gouvernement ne renouvelle pas sa garantie que les services resteront ouverts.

Ça aurait été un indicateur qu’il a lui-même confiance en ses méthodes.

Q Fermetures d’urgence, attente décuplée pour se faire opérer, pénurie de personnel : qu’est-ce que le Parti libéral du Québec propose pour améliorer la situation en santé aujourd’hui?

R

Des incitatifs financiers ponctuels, c’est une chose.

Mais dans ma région en particulier, en Outaouais, on voit une différence majeure sur les salaires entre l’Ontario et le Québec.

Donc, il faut rehausser les salaires de manière générale.

L’amélioration des conditions de travail est nécessaire et ça prend un engagement du gouvernement à abolir le temps supplémentaire obligatoire.

Il semble se fier au fait que de ramener des infirmières va le diminuer, mais pour ramener des infirmières, ça leur prend un engagement de l’abolition, à terme, du temps supplémentaire obligatoire.

Q Vous avez été ministre des Transports et êtes maintenant porte-parole libéral en cette matière. Vous pouvez être contre le projet de tunnel entre Québec et Lévis, mais quelle est votre solution aux problèmes de congestion à Québec?

R Je veux qu’on arrête de faire des projets de transports uniquement basés sur des intérêts électoraux.

Le projet qu’on a entre les mains est le projet le plus cher possible.

C’est un projet qui va avoir un impact majeur, creuser sous le fleuve aura un impact environnemental majeur.

C’est un projet qui va défigurer les quartiers. Et c’est un projet pour lequel on n’a aucune donnée réaliste!

La seule évidence de ce projet, c’est que le gouvernement le fait pour des intérêts électoraux. Il est temps de baser nos projets sur de réels besoins.

Et en ce moment, avec la conjoncture, le télétravail, la pandémie, qui changent les habitudes des gens, on a besoin de nouvelles données pour savoir comment les changements sociétaux vont modifier les habitudes en transports.

Q Avec la réélection des libéraux à Ottawa, eux qui ont dit ne pas vouloir payer pour autre chose que le volet transport en commun du troisième lien, croyez-vous le projet en péril?

R Le gouvernement [Legault] s’engage financièrement dans une avenue dangereuse.

Aujourd’hui, on nous dit que c’est un projet qui pourrait être de l’ampleur de 10 milliards $. Si c’est 10 milliards $ en 2021, alors que le projet n’est même pas entamé, on peut s’attendre à ce que ce soit beaucoup plus.

Donc pour l’instant, c’est un projet qui pourrait très facilement être un gouffre financier et pour lequel le gouvernement n’a aucune donnée publique. Il est donc difficile de croire au projet actuel tel que présenté par le gouvernement.

Q Parlant des libéraux fédéraux, vous avez conseillé Justin Trudeau dans sa préparation pour le débat des chefs lors de ses deux récentes campagnes. Votre amitié avec M. Trudeau est-elle radioactive? Comment pouvez-vous être crédible en dénonçant l’ingérence d’Ottawa dans les compétences du Québec?

R Je n’ai jamais caché mes affinités ou mon passé dans l’aile plus nationaliste du Parti libéral du Canada. J’ai travaillé pour Jean Lapierre et tout le monde ici, sur la colline Parlementaire, le sait.

En même temps, quand je regarde l’aide que j’ai donnée à un ami ou à un parti avec lequel je partage certaines valeurs environnementales ou sociales et les actions que M. Legault a posées en appuyant publiquement et en demandant aux gens d’appuyer le Parti conservateur, qui est un cancre environnemental, j’ai l’impression que les

actions de M. Legault peuvent faire beaucoup plus mal au Québec que les miennes.

Q

Le premier ministre Legault en ayant appelé au vote conservateur, la victoire libérale au fédéral place-t-elle le Québec dans une position plus fragile au sein de la fédération canadienne?

R

Pas au sein de la fédération canadienne. Mais M. Legault s’est placé lui-même dans un rapport de faiblesse envers M. Trudeau.

Les actions que le premier ministre [du Québec] a choisi de faire étaient paternalistes envers les Québécois. On ne dit pas aux gens comment voter! Les gens sont assez grands, assez intelligents, assez réfléchis pour prendre leur propre décision. Il a placé le Québec et la relation entre le gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral dans une position plus précaire qu’elle ne devrait l’être.

Q

Le prochain scrutin québécois se tient dans un an. Sentezvous déjà la tension monter, alors que chaque parti se positionne et tente de définir ses adversaires? R

En politique, on tente toujours de définir l’adversaire et il tente toujours de nous définir!

Mais c’est vrai qu’à l’aube d’une campagne électorale, les esprits s’échauffent peut-être un peu plus rapidement. M. Legault avait promis, en juin, de se calmer et de luimême tenter de calmer le jeu. On voit que les esprits se sont échauffés relativement rapidement, dès les premiers jours de la session.

On a tous un effort à faire pour que le discours au cours de la prochaine année soit basé sur les idées, sur des propositions. Nous, c’est ça qu’on va tenter de faire. Déjà, on a fait des propositions en matière de famille, de santé, d’environnement. Des propositions basées sur le progrès social.

Q

Bientôt deux ans que vous avez déposé un projet de loi sur le consentement présumé du don d’organes. La collision routière mortelle survenue récemment à Beauport a encore démontré les bienfaits possibles d’un tel geste, la jeune fille décédée ayant entre autres donné des organes à cinq personnes. Où en sont les travaux parlementaires à ce sujet?

R

Le don d’organes est un choix personnel et les Québécois doivent continuer de pouvoir se prévaloir de ce choix. Mais si on peut trouver un mécanisme par lequel davantage de gens peuvent bénéficier de cet organe vital pour eux, il faut mettre les chances de notre côté.

Le gouvernement n’a toujours pas appelé le projet de loi. C’est malheureux, parce que d’autres provinces ont déjà instauré un système comme celui-là et ça commence à apporter des bénéfices.

C’est un sujet que des députés de toutes les formations politiques, dont de la Coalition avenir Québec, ont appuyé au fil du temps. Ce serait plaisant qu’on mette nos énergies de façon non partisane dans ce dossier et le faire progresser. Ça peut faire une différence concrète dans la vie des gens.

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