LeDroitSurMonOrdi.ca

L’inexplicable expliqué aux enfants

DANIEL LEBLANC dleblanc@ledroit.com

Du voisinage à la garderie en passant par l’école ou même au sein de la population, les impacts collatéraux d’un événement d’une horreur sans nom comme celui survenu cette semaine à Gatineau, lorsqu’un père a assassiné ses deux fillettes avant de s’enlever la vie, sont loin d’être anodins et méritent qu’on s’y attarde. Devant l’inexplicable, de multiples questions peuvent surgir chez les enfants et il importe de savoir y répondre adéquatement.

Quand ces drames frappent, c’est la coutume: un soutien psychologique est offert dans les écoles du quartier et une équipe d’intervention, composée entre autres de psychologues et de psychoéducateurs, est déployée pour être à l’écoute à la fois des enfants et des membres du personnel qui auraient besoin de partager leurs états d’âme face à une telle tragédie.

Le Centre de services scolaire des Portages-de-l’Outaouais (CSSPO) a lancé ce protocole dès mercredi soir dans trois écoles primaires du Plateau, district où le triste événement s’est déroulé.

«En amont, nos professionnels sont formés (pour gérer une telle situation de crise). On a un protocole vraiment détaillé, avec toutes les étapes, car on sait que quand on est plus dans l’émotivité, c’est plus difficile d’avoir un pas de recul. Chaque direction d’école doit former un comité (en début d’année), on sait déjà qui sera interpellé si jamais un événement dramatique survient. Aussitôt qu’on a des nouvelles sur de tels événements dans les milieux près des écoles, on s’assure que nos professionnels seront disponibles pour se rendre rapidement dans les écoles et quand il y a des confirmations, on déploie rapidement notre équipe d’urgence. On a fait tout ce travail dès mercredi soir. On a tous des familles, c’est certain que ce genre d’événement vient nous chercher, mais les gens sont formés pour être prêts à l’affronter», note Catherine Desrochers, coordonnatrice des services complémentaires du Service des ressources éducatives au CSSPO.

En milieu scolaire, quels mots emploie-t-on pour expliquer aux enfants ce qui s’est produit?

«Ça dépend vraiment de l’âge. En plus bas âge, on va être beaucoup plus succinct dans nos explications, dans le fait que la personne n’est pas là et ne reviendra pas. Mais plus l’enfant vieillit, par exemple à la fin du primaire ou au début du secondaire, on va beaucoup axer le tout sur les faits, sans aller dans tous les détails. Ce qu’il ne faut vraiment pas faire, par contre, c’est de tomber dans l’exagération ou le sensationnalisme, qui peuvent prendre le dessus dans ce genre de situation, alors que ce n’est vraiment pas le but. Il faut s’assurer qu’ils (les élèves) ne restent pas dans les questionnements», affirme Mme Desrochers.

À son avis, les enseignants sont souvent des acteurs clés pour guider les professionnels au sujet de la façon d’aborder des thèmes aussi délicats avec les élèves puisque c’est avec eux qu’ils ont le «premier lien affectif» à l’école.

«PAS DE RECETTE MIRACLE»

Professeure au département de psychoéducation et de psychologie à l’Université du Québec en Outaouais (UQO), Karine Baril estime que les récents événements prouvent une fois de plus à quel point ceux-ci «font vraiment beaucoup de victimes collatérales dans la communauté».

«Ça touche les enfants, mais aussi les adultes car ils doivent répondre aux questions alors qu’ils sont eux-mêmes affectés. Ce n’est pas évident. Les parents vont être les premiers à voir des répercussions possibles, en particulier chez les enfants qui peuvent connaître les victimes. Ça peut être aussi simple qu’ils les ont croisés au parc du quartier», explique-t-elle.

La spécialiste affirme qu’il n’y a pas de «recette miracle» pour composer avec un tel événement dramatique car «les réactions sont normales face à une situation anormale».

«Il faut être à l’écoute des changements de comportements pour les enfants affectés. Par exemple, les plus jeunes ne risquent pas de verbaliser leurs préoccupations mais ça peut se répercuter sur autre chose. Il peut y avoir de l’opposition, de l’irritabilité, des cauchemars, etc. Et pour ceux qui vont le faire (verbaliser), on se doit d’être à l’écoute, de valider, de leur dire que c’est normal de sentir ainsi. Comme parent, on peut avoir le réflexe de protéger nos enfants de ces horreurs, mais il faut doser», note Mme Baril.

Vous ou vos proches avez besoin d’aide? N’hésitez pas à appeler au 1-866-APPELLE (277-3553), ou encore Tel-Aide Outaouais (819-775-3223 à Gatineau et 613-741-6433 à Ottawa). Du côté d’Ottawa, vous pouvez aussi appeler la ligne de crise en santé mentale d’Ottawa en composant le 613-7226914. Vous pouvez également consulter le site commentparlerdusuicide.com.

ACTUALITÉS

fr-ca

2021-09-25T07:00:00.0000000Z

2021-09-25T07:00:00.0000000Z

https://ledroit.pressreader.com/article/281539409105760

Groupe Capitales Media